Géorgie : un projet de loi controversé sur l'influence étrangère arrive au Parlement
Le Parlement géorgien examine lundi 29 avril un projet de loi controversé sur l'influence étrangère. Il s'agit d'un texte qui importe, en quelque sorte, des méthodes répressives venues de Moscou et qui suscite l'indignation d'une partie de l'opposition. Ce projet de loi est porté par le parti au pouvoir, Rêve Géorgien, un mouvement qui s'est rapproché de Moscou depuis la guerre en Ukraine. Le projet de loi avait déjà été proposé il y a un an avant d'être retiré, après des manifestations de masse à Tbilissi.
Cette loi, si elle était adoptée, contraindrait toute ONG ou tout média recevant plus de 20% de son financement de l'étranger à s'enregistrer administrativement sous la rubrique infamante "d'organisation défendant les intérêts d'une puissance étrangère" et à publier un rapport financier annuel. En cas de non-respect, les contrevenants se verraient infliger de lourdes amendes. En réalité, il s'agit d'un copier-coller de la législation en vigueur en Russie qui permet de museler toute voix dissidente et de contrôler la société civile. Bref, un projet dénoncé comme liberticide par les opposants et les médias indépendants.
80% de la population géorgienne aspire à adhérer à l'UE
Si le projet de loi était adopté, ce serait le signal que le pouvoir à Tbilissi se rapproche du Kremlin, car au fond, ce qui se joue, c'est bien le positionnement géopolitique de la Géorgie et son aspiration à basculer dans le camp occidental. Dans la Constitution géorgienne figure en toutes lettres un cheminement vers l'intégration dans l'Union européenne et dans l'Otan, un processus soutenu par près de 80% de la population géorgienne. Évidemment, pour Vladimir Poutine, c'est inacceptable. Le territoire géorgien est occupé à 20% par les troupes russes depuis la guerre avec Moscou de l'été 2008. La Georgie est aujourd'hui à un tournant, elle est tiraillée entre ses anciennes attaches avec l'URSS et ses aspirations à entrer dans l'UE et l'Otan.
L'Union européenne et les États-Unis, les principaux bailleurs de fonds de ce petit pays de 3,7 millions d'habitants, ont tous deux dénoncé le projet de loi, jugé incompatible avec les valeurs démocratiques. Côté Otan, c'est le même son de cloche : l'Alliance voit, dans l'acceptation ou dans le rejet du projet de loi, un test sur le chemin de la démocratie. Le bras de fer entre le Kremlin et les Occidentaux sur la Géorgie est une nouvelle source de tension qui s'allume.
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