Guerre au Proche-Orient : des déclarations inédites, de plus en plus radicales pour dénoncer le conflit

Le langage diplomatique est de plus en plus féroce pour dénoncer les opérations d'Israël dans la bande de Gaza, avec des déclarations violentes et inattendues.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président brésilien Lula, à Brasilia, le 21 février 2024. (ANDRE BORGES / MAXPPP)

Avec la férocité du langage diplomatique de ceux qui dénoncent l'ampleur de la riposte israélienne, les difficultés du transfert de l'aide humanitaire et l'impossibilité d'obtenir un cessez-le-feu, une fracture de plus en plus franche est apparue dans ce conflit.

Les prises de position sont de plus en plus féroces et inédites, comme celle du prince William, qui assure l'intérim de son père Charles III, qui n'a pas respecté son devoir de mémoire de réserve, estimant que ce conflit avait fait "trop de morts" et en souhaitant que "les combats cessent le plus rapidement". Il s'agit là d'un geste fort et engagé, qui risque d'aggraver les divisions sur le sujet dans la société britannique.

Au Brésil, le président Lula est allé encore plus loin, en se mettant lui aussi en danger sur le plan intérieur. Il est au cœur d'une polémique, critiqué y compris par certains de ses alliés, pour avoir comparé la riposte israélienne à l'Holocauste. "Ce n'est pas une guerre entre deux armées de soldats, c'est la guerre d'une armée très préparée face à des femmes et des enfants, a déclaré Lula. Ce qui est en train de se passer à Gaza avec le peuple palestinien est inédit dans l'Histoire. En fait, c'est déjà arrivé lorsqu'Hitler a commencé à exterminer les Juifs."

Ses propos ont immédiatement provoqué l'ire du gouvernement israélien et de Benyamin Nétanyahou. "Le président Silva a déshonoré la mémoire des 6 millions de Juifs assassinés par les nazis et a diabolisé l'État juif comme le plus radical des antisémites. Il devrait avoir honte de lui."

Une troisième voie diplomatique

Lula est désormais "persona non grata" en Israël. Il a été tancé aussi par Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, qui lui a fait part du "profond désaccord des États-Unis sur ces propos". Mais peu importe, car le président brésilien progresse à grand pas vers son objectif, à savoir, faire émerger une troisième voie diplomatique et dans ce cas précis, marquer l’isolement d’Israël et des États-Unis, sur le sort réservé aux populations gazaouis.

Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, le 21 février, au Brésil, c'est cette troisième voie diplomatique qui était au cœur des discussions, avec pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, les États-Unis et la Russie autour de la table. L'Ukraine est bien sûr l'autre conflit qui cristallise les tensions et débride aussi le langage diplomatique, en témoigne le "son of a bitch", (fils de pute en français), de Joe Biden en parlant de Vladimir Poutine.

Au milieu de ses injures, le Brésil se montre plus pragmatique et dénonce la "paralysie inacceptable" du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Brésil renvoie dos à dos, Russes et Américains, en rappelant que c’est à cause de leur veto, qu’aucune résolution et qu'aucun cessez-le-feu ne peut être envisagé en Ukraine et à Gaza.

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