Guerre au Soudan : 14 mois de conflit, des dizaines de milliers de morts, 10 millions de réfugiés et aucune solution concrète
Les chiffres de cette guerre sont terrifiants, mais ce qui l'est encore plus, c'est qu'aucune résolution n'est parvenue à calmer les combats. Les appels à l'aide sonnent dans le vide et les armes et les munitions continuent d'être livrées massivement aux Forces Armées soudanaises dirigées par Abdel Fattah al-Burhan, comme à la Force de Soutien Rapide de Mohamed Hamdane Daglo.
Ces deux généraux et ennemis bloquent, chacun de leur côté la distribution d'aide aux populations. La situation soudanaise devrait être au centre des préoccupations puisque c'est la crise humanitaire la plus grave aujourd'hui sur la planète, mais elle est éclipsée par des guerres considérées comme prioritaires aux yeux des grandes puissances.
Les inquiétudes se portent notamment sur la ville d'El Fasher, la capitale de la région du Darfour, encerclée depuis avril 2024. Le dernier vote de résolution du Conseil de sécurité du 13 juin 2024 a exigé la fin de ce siège. Deux millions d'habitants sont isolés, privés de tout et sous la pression des combattants fidèles au général Daglo.
Le lendemain du vote, les combats se sont intensifiés autour d'El Fasher alors que l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield s'alarme depuis des semaines sur le danger pour les populations civiles dans cette zone. "C'est la réalité brutale à laquelle sont confrontés des millions de gens à El Fasher, une population sur le point de faire l'objet d'un massacre de grande ampleur, dit-elle. L'histoire se répète aujourd'hui au Darfour, de la pire des manières et une attaque sur El Fasher serait un désastre qui s'en ajouterait à un autre."
Plus de 10 millions de réfugiés
Les Nations unies estiment que l'attaque d'El Fasher provoquerait la fuite d'au moins 500 000 Soudanais supplémentaires, alors qu'ils sont déjà 10 millions sur les routes, livrés à eux-mêmes. Certains sont parvenus à trouver refuge au Tchad, d'autres en Égypte où les autorités commencent à les refouler et la moitié d'entre eux souffriraient déjà de famine.
Les États-Unis viennent de débloquer 350 millions de dollars en urgence. D'autres pays, comme les Émirats arabes unis ont aussi décidé de faire un geste, mais au final, ce n'est qu'une goutte d'eau. Seulement 16% de l'aide humanitaire nécessaire à cette crise est aujourd'hui financée et ce scénario rappelle celui de l'Éthiopie en 1984, la pire crise humanitaire du XXe siècle, où la famine avait provoqué la mort de 2 millions de personnes.
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