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Iran : les conservateurs favoris de la présidentielle

Le 18 juin, les Iraniens se rendront aux urnes pour l'élection présidentielle. Les candidats viennent de déposer leurs dossiers et les durs du régime sont partis pour s'imposer.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le candidat à la présidentielle iranienne Ebrahim Raïssi, en mai 2021. (ATTA KENARE / AFP)

En Iran, l'élection présidentielle approche. Près de 300 personnes se sont portées candidates pour le scrutin du 18 juin. Mais elles ne vont pas toutes le rester : d’ici au 27 mai, le Conseil des gardiens de la Révolution va faire le tri et valider les candidatures qu’il estime recevables. C’est un choix arbitraire dont l’objectif est en réalité de désigner par avance les quelques vainqueurs potentiels, en écartant certains rivaux encombrants.

Le grand favori est d’ores et déjà Ebrahim Raïssi. Cet homme de 60 ans, toujours coiffé d’un turban noir, est l’un des plus radicaux du régime iranien. Il dirige aujourd’hui l’Autorité judiciaire, après avoir été procureur adjoint à Téhéran, où ses méthodes avaient été dénoncées par les ONG, après de nombreuses exécutions sans procès équitable. Il était déjà candidat il y a quatre ans : il avait recueilli 38% des voix au premier tour, avant d’être battu par l’actuel président, Hassan Rohani, un modéré (qui ne peut pas se représenter après deux mandats consécutifs). Raïssa, qui se présente comme le candidat anti-corruption, est aussi un religieux : il a aujourd’hui rang d’hodjatoleslam, l’antichambre du statut suprême, celui d’ayatollah. Les principaux partis conservateurs et plusieurs autres candidats, comme Hossein Deghan, semblent décidés à se ranger derrière lui.

Vers un duel de conservateurs

À l’inverse, les modérés, les réformateurs comme on les appelle en Iran, sont mal embarqués, en partie discrédités par l’échec de la politique de rapprochement avec l’Occident, qui a vu ces dernières années les États-Unis sortir de l’accord sur le nucléaire et imposer un embargo économique sévère. Aujourd’hui, avec Joe Biden, les négociations sur le nucléaire ont repris. Mais en attendant, ce que voient les Iraniens, c’est surtout l’inflation de 34%, et le chômage de près de 20% officiellement, sans doute plus en réalité.

Plusieurs réformateurs ont donc renoncé à se présenter (comme le chef de la diplomatie Javad Zarif) et d’autres vont sans doute voir leur candidature invalidée. Les modérés vont être tentés de se ranger derrière un candidat certes conservateur, mais plus au centre que Raïssi : c’est l’ancien président du Parlement Ali Larijani, 64 ans, un partisan de l’accord sur le nucléaire. C’est une figure reconnue, dont la candidature sera certainement retenue. Un duel entre Raïssi et Larijani, c’est donc le scénario le plus probable.

L'inconnue du taux de participation

Cela dit, il reste plusieurs inconnues, en commençant par le taux de participation : s’il est faible comme lors des législatives de l’an dernier (43%), ça profitera aux conservateurs, dont l’électorat est traditionnellement plus mobilisé. Et puis la campagne électorale peut réserver quelques surprises : par exemple la présence, peut-être, d’une femme parmi les candidates, Zahra Shohaei (ce serait une première).

Autre inconnue : le rôle que peuvent jouer les réseaux sociaux, en particulier l’application ClubHouse, très utilisée en Iran. Enfin bien sûr, il y a les négociations en cours, à Vienne en Autriche, sur le nucléaire. Une avancée significative, avec une levée même partielle de l’embargo, est susceptible de donner un coup de pouce aux candidats modérés. Mais le plus probable, à un mois du scrutin, reste une victoire de la frange ultra-conservatrice.

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