Cet article date de plus d'un an.

Kenya : le Roi Charles III "regrette profondément l’époque coloniale", sans pouvoir demander pardon

Pour son premier déplacement dans un pays du Commonwealth, le Roi Charles III a choisi le Kenya. Le souverain britannique a répondu à l’invitation du président kényan William Ruto, alors que le pays s’apprête à célébrer le 12 décembre prochain le 60e anniversaire de son indépendance.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Roi Charles III, en visite officielle au Kenya. (TONY KARUMBA / POOL / MAXPPP)

L'indépendance du Kenya a été arrachée en 1963 au régime colonial britannique, après 7 années de lutte face aux atrocités des soldats de l’empire. La Grande-Bretagne n'a jamais officiellement présenté d’excuses suite aux différentes exécutions et actes de torture sur des dizaines de milliers de Kényans.

Pour tenter d'apaiser les douleurs toujours vives de cette guerre, Charles III a déclaré que "les fautes commises par le passé sont à l’origine des plus grandes peines et des plus profonds regrets. Des actes de violence injustifiables ont été commis contre les Kényans alors qu'ils menaient, comme vous l'avez dit aux Nations unies, une lutte douloureuse pour leur indépendance et leur souveraineté. Il n'y a pas d'excuses à cela."

À ses côtés, le président kényan William Rutto salue le courage du Roi pour évoquer ses vérités inconfortables, avant d’ajouter "qu’il reste encore beaucoup à faire pour obtenir des réparations complètes, car ce discours est avant tout symbolique."

Le Kenya, pays où Elizabeth est devenue Reine

C’est au Kenya que le long règne d’Elizabeth II a débuté, lors d'un voyage au cours duquel le 6 février 1952, à la mort de Georges VI, elle hérite soudainement du trône. Elle laisse derrière elle un pays auquel elle s’est profondément attachée, mais qui sous son règne subira l’une des répressions les plus sanglantes de l’empire britannique avec au moins 10 000 morts et près d’1,5 million de Kényans enfermés dans des camps de concentration.

Aux yeux des Kényans, le discours de Charles III n'est absolument pas suffisant, alors que la commission des droits de l’Homme du Kenya avait appelé le Roi à présenter des excuses publiques sans équivoque.

Le gouvernement britannique refuse de présenter ses excuses

Depuis l’indépendance, les gestes de réparation de la Grande-Bretagne sont jugés bien trop insignifiants par la population kényane. En 2013, un règlement à l’amiable avait accordé 23 millions d'euros à 5 228 Kényans, qui avaient dénoncé les atrocités de l’armée britannique pendant la guerre d’indépendance.

La justice britannique ne lâche aucune procédure et le 1er ministre Rishi Sunak, seule voix officielle, a clairement rejeté en avril dernier l’idée de présenter les excuses du Royaume pour son rôle de puissance esclavagiste et coloniale. Le Roi fait donc ce qu’il peut et rêve de grands accords avec les anciennes colonies, sur l’environnement et les nouvelles technologies, pour sauver son Commonwealth.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.