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L'Amazonie plus que jamais en flammes à l'approche des élections au Brésil

Les incendies se multiplient depuis début août dans le pays. Les départs de feu n’ont jamais été aussi nombreux. La politique du président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro porte une responsabilité évidente dans cette situation.

Article rédigé par franceinfo
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Une zone brûlée dans la forêt amazonienne au parc national de Mapinguari à Porto Velho, dans le nord du Brésil, le 1er septembre 2022. (DOUGLAS MAGNO / AFP)

En trois jours entre le 2 et le 5 septembre, on a dénombré 8 700 départs de feu en Amazonie. Donc près de 3 000 par jour ce qui fait deux par minute ! Le record absolu depuis 15 ans a été battu le 22 août : 3 350 départs de feu dans la journée. C’est encore plus que lors de l’été 2019 où déjà des records avaient été battus. Le mois d’août 2022 a été catastrophique, 20% d’incendies de plus qu'en 2021. Le mois de septembre démarre donc lui aussi très mal.

La région la plus touchée se trouve au cœur de l’Amazonie, à la frontière entre les États de Rondonia, d’Acre et d’Amazonas, à proximité de la ville de Porto Velho. Ce n’est pas très loin non plus de la frontière avec la Bolivie et le Pérou. Les images satellite sont impressionnantes. Une région immense de la taille de l’Espagne est la proie des flammes. Un peu partout des panaches de fumée, des zones forestières dévastées. Le noir des cendres remplace le vert de la forêt humide. Dans les rares agglomérations de la région, une sorte de brume permanente qui limite la visibilité et fait tousser les habitants. L’odeur de brûlé est omniprésente. Le soleil prend une couleur rougeâtre. Les particules de cendres sont partout dans l’air.  

Une déforestation en hausse de 75% sous Bolsonaro

Ce sont le plus souvent des incendies volontaires, ça ne fait guère de doutes. La fin août est certes traditionnellement marquée par une forme de sécheresse dans la région. Mais on parle quand même d’une forêt dense et humide où le feu ne fait normalement pas partie du cycle naturel. Tous les scientifiques sont donc persuadés que ces sinistres sont déclenchés par l’homme dans un but de déforestation : éleveurs, agriculteurs ou exploitants forestiers. D’ailleurs, les incendies se déplacent peu à peu vers le Nord, suivant une forme d’arc presque géométrique, mécanique comme une frontière qui progresserait régulièrement vers le nord selon un schéma planifié. Et c’est là où on rejoint la politique : depuis quatre ans, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro encourage le lobby de l’agro-business dans ces zones théoriquement protégées. Il a parallèlement limité les pouvoirs des organismes de surveillance environnementale. Conséquence : en quatre ans, la déforestation moyenne en Amazonie brésilienne a augmenté de 75% par rapport à la décennie précédente. Le cacique, le leader des Indiens d’Amazonie, Raoni Matuktire, parle de "crimes contre l’Humanité".  

Un sujet mineur dans la campagne électorale

Les Brésiliens votent donc le 2 octobre, c’est la présidentielle. Mais le sujet est très peu présent dans la campagne. Le président sortant Jair Bolsonaro, qui brigue un nouveau mandat, considère que ce n’est pas un sujet. Et que les pays Occidentaux ne font pas mieux avec leurs incendies. Son rival, l’ex président de gauche Lula, qui part favori du scrutin, est plus sensibilisé au sujet. Mais ce n’est pas non plus la priorité de sa campagne, axée davantage sur la pauvreté, le chômage ou l’insécurité alimentaire qui sont de fait les préoccupations principales des Brésiliens. Cette nouvelle flambée de l’Amazonie ne suscite pas davantage de réactions internationales, beaucoup moins qu’en 2019 où le sujet faisait la Une. Une vive polémique avait notamment opposé Jair Bolsonaro à Emmanuel Macron à ce moment-là. Rien de tel pour l’instant. L’un des poumons de la planète part en fumée et c’est silence à tous les étages.

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