Cet article date de plus de quatre ans.

L'Italie change de cap sur sa politique migratoire

Rome a annoncé lundi une modification de sa politique sur les réfugiés. Il s'agit presque une volteface après la période Salvini, très dure envers les migrants.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La ministre italienne de l'Intérieur Luciana Lamorgese à Rome, le 5 septembre 2019. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Le temps des rodomontades de l'ancien ministre de l'Intérieur italien est terminé. On se souvient de Matteo Salvini, fanfaronnant en bloquant l’accès des ports italiens aux navires des ONG, qui avaient secouru des migrants. Le patron de la Ligue d'extrême droite n’est plus au pouvoir. La nouvelle coalition aux manettes, qui regroupe le centre gauche et l’inclassable Mouvement 5 étoiles, change complètement de pied sur le sujet.

La nouvelle ministre de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, a présenté lundi 17 février ses propositions de modification des "décrets sécurité" sur l'accueil des migrants. Il ne s'agit pas d'ouvrir grand les portes, mais au moins de se montrer plus humain et de dépénaliser le secours aux réfugiés.

Concrètement, les bateaux des ONG ne pourront plus être bloqués à quai. Les amendes potentielles pour sauvetage de migrants vont être considérablement réduites. Les réfugiés vont bénéficier d'une meilleure protection sociale, avec des moyens accrus dans les préfectures. Les dossiers des personnes de santé fragile ou des parents de mineurs seront examinés prioritairement. Un simple permis de séjour permettra d'accéder aux services sociaux ou d’ouvrir un compte en banque. La durée maximale du processus administratif pour obtenir la citoyenneté italienne sera réduite de quatre ans à deux ans.

Lamorgese, inverse de Salvini

Luciana Lamorgese, c'est un peu l'anti Salvini. Ce n'est pas une politique, elle est haut fonctionnaire, elle a fait tout son parcours professionnel au ministère de l'Intérieur depuis 40 ans, où elle est devenue préfète, notamment à Milan. C'est une spécialiste des flux migratoires. Avec elle, pas de grands discours et d’envolée lyrique démagogique. Lamorgese parle peu. Elle n'a pas de comptes sur les réseaux sociaux, ni Facebook, ni Twitter, ni Instagram. Elle n'est membre d'aucun parti.

Coïncidence de dates, les annonces de Lamorgese se produisent au moment précis où les soucis s'accumulent pour Salvini. L'ancien ministre de l’Intérieur vient de voir son immunité parlementaire levée par le Sénat italien. Il va donc être poursuivi pour séquestration de personnes, après avoir justement, l’été dernier, interdit l’accès, à un port italien, d’un bateau rempli de réfugiés. Son dernier acte au gouvernement.

Le nombre d'arrivées de migrants divisé par 10

Il faut dire que les flux migratoires vers l’Italie ont beaucoup diminué. Donc évidemment, ça facilite ce changement de cap du gouvernement italien. L'an dernier, 11 400 migrants sont entrés en Italie, c'est 10 fois moins qu’il y a 2 ans : 118 000 arrivées en 2017 (dont 14 000 enfants). L'évolution est spectaculaire. Pour Luciana Lamorgese, la "crise migratoire est terminée".

Cela n'empêche pas Matteo Salvini de continuer à dire l'inverse. Pour le chef de la Ligue, la crise empire à nouveau. Peu importe les chiffres. Il a quand même raison sur un point : c’est la question de la répartition de ces migrants avec les pays voisins, en Allemagne, en France, en Espagne, au Portugal, en Roumanie. Des engagements ont été pris, mais ils tardent à se concrétiser. Sur ce point précis, Luciana Lamorgese sera sans doute aussi ferme que son prédécesseur.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.