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La bête noire de Pékin favorite à la présidentielle à Taiwan

Taiwan se rend aux urnes le 11 janvier pour une présidentielle et des législatives. Des élections scrutées par Pékin qui rêve de faire revenir ce territoire autonome dans son giron. Mais c’est la candidate la plus hostile à la Chine qui devrait l’emporter.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Taipei, le 19 novembre 2019. Illustration. (SAM YEH / AFP)

Le non à Pékin a le vent en poupe dans la campagne présidentielle à Taïwan. Il est incarné par une femme,Tsai Ing-wen, l'actuelle présidente de l'État insulaire. Depuis son arrivée aux commandes de l'île en 2016, elle a fait de la résistance aux velléités d'annexion de la Chine sa marque de fabrique. Et le rapport de force ne l'émeut guère.

Angela Merkel comme modèle

Première femme à diriger Taïwan depuis sa fondation en 1949, Tsai Ing-wen s'est hissée à la tête de l'État sans être l'héritière d'une dynastie politique. Le modèle de cette juriste diplômée de la prestigieuse London School of Economics, c'est Angela Merkel, pour sa détermination. Parfois critiquée pour son manque de charisme, la présidente de Taïwan a aussi su mobiliser les réseaux sociaux. Elle qui vit seule avec deux chats, elle en a fait des stars de twitter. Ils ont même leur propre page Wikipédia.

Son slogan, sans équivoque pour cette campagne, "Résister à la Chine, défendre Taïwan", est nettement plus accrocheur que celui de son rival. Le représentant du Kuomintang, proche de Pékin, se bat lui derrière un mot d'ordre "La sécurité pour Taïwan, la richesse pour ses habitants". Il ne séduit guère des Taïwanais désormais effrayés par les appétits chinois.  

Tsai Ing-wen revient de loin

Elle n’était pourtant pas donnée favorite. Il y a quelques mois à peine, les sondeurs ne donnaient pas cher de la peau de la présidente, plombée par la réforme des retraites et les polémiques nées de la légalisation du mariage homosexuel. Mais Tsai Ing-wen apparaît désormais imbattable. L'ironie, c'est que c'est Pékin qui a remis en selle sa bête noire. Tout a commencé avec un discours du président chinois Xi Jinping en janvier 2019. Discours musclé, décrivant l'assimilation du territoire comme "inévitable", précisant qu'il ne fallait pas renvoyer ce problème aux générations futures, le tout accompagné d'un durcissement des sanctions économiques et de l'isolement diplomatique de Taipei.

Les mots ont effrayé des Taïwanais attachés à leur identité et à leurs libertés démocratiques. Les événements de Hong Kong ont achevé de les convaincre que la Chine ne leur laisserait plus la moindre autonomie. C'est d'ailleurs l'attitude face à Pékin qui a dominé la campagne et les débats télévisés. Lors du dernier, la présidente a répété qu'elle ne laisserait pas Taïwan devenir le nouveau Hong Kong. Dans ses vœux, elle a martelé qu’autoritarisme et démocratie ne pouvaient coexister au sein d’un même pays et que les Hong Kongais avaient démontré que la formule "un pays, deux systèmes" n'est absolument pas viable.

Les États-Unis attentifs

Mais l'enjeu du scrutin dépasse les simples relations sino-taïwanaises. Les États-Unis, qui disposent d'un accord de défense avec Taïwan, ne sont jamais loin. Washington reconnaît certes le principe d'une Chine unique mais a livré une nouvelle commande d'armements à Taïwan et, dans le contexte des tensions commerciales avec la Chine, la Maison Blanche ne verrait pas d'un mauvais œil le succès d'une présidente rebelle à Pékin.

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