La victoire historique de Gustavo Petro en Colombie est un symbole du grand virage à gauche de l'Amérique Latine
La France n’était pas la seule à voter ce dimanche 19 juin. La Colombie, au Nord de l’Amérique Latine, a tourné une page d’Histoire lors de la présidentielle : la victoire de la gauche y est sans précédent depuis 2 siècles. Et ce succès est révélateur d’une bascule générale de tout le continent.
C’était au coeur de la nuit, peu après Minuit heure française. Gustavo Petro, 62 ans, est proclamé vainqueur et monte à la tribune. Il l’emporte avec 700.000 voix d’avance sur son rival aux accents Trumpistes, Rodolfo Hernandez Ancien guérillero d’extrême gauche, ancien maire de Bogota, Petro pèse lentement ses mots. « C’est l’Histoire que nous écrivons en ce moment, lance Petro, c’est une Histoire nouvelle, pour la Colombie, pour l’Amérique Latine, pour le monde ». Et c’est vrai. Puisque jamais ce pays de 50 millions d’habitants, 4ème économie du continent, n’avait connu de président de gauche, depuis 2 siècles, dirigé tantôt par des conservateurs de droite radicale, tantôt par des libéraux de centre droit. Cette victoire a donc résonné la nuit dernière dans toute l’Amérique Latine, comme le symbole le plus emblématique du virage à gauche de tout le continent. A de rares exceptions, comme l’Uruguay ou l’Equateur, tous les derniers scrutins ont en efet vu la victoire des candidats de gauche. En Amérique Centrale : au Mexique, et plus récemment au Honduras. En Amérique du Sud: en Argentine en 2019, en Bolivie en 2020, au Pérou l’an dernier. Et plus récemment, en décembre dernier, au Chili, avec le succès du jeune Gabriel Boric, 36 ans.
Du Cuba au Chili en passant par le Mexique ou l'Argentine
Tous ont des programmes de redistribution sociale, de lutte contre la pauvreté, d’imposition des plus riches. Tous sont très critiques vis-à-vis de Washington. Tous ont bénéficié d’un effet de balancier : un mouvement de dégagisme contre des partis de droite qui, à l’inverse, s’étaient largement imposés au milieu des années 2010. Mais tous ne sont pas de même obédience. Il y a au moins 3 catégories. Les anciens, les marxistes aux penchants totalitaires : Cuba, le Venezuela, le Nicaragua. Les populistes, sociaux-démocrates en économie, conservateurs sur les sujets de société : Lopez Obrador au Mexique, Castillo au Pérou. Et puis la nouvelle génération aux accents plus écologistes : c’est Boric au Chili. Et ce sera peut-être aussi le cas de la Colombie, en raison de la personnalité de la vice-présidente : Francia Marquez, première afro-colombienne à accéder au Palais, noire de peau, écologiste, 40 ans. Elle a convaincu Petro de s’engager sur un arrêt immédiat des nouvelles exploitations pétrolières.
Lula en campagne au Brésil pour le grand chelem de la gauche
Il reste un pays clé, le plus grand du continent, c’est le Brésil, le géant d’Amérique Latine, 210 millions d’habitants, est justement en pleine campagne électorale: 1er tour de la présidentielle, le 2 octobre avec un un duel explosif entre l’actuel président d’extrême droite Jair Bolsonaro, et le revenant, l’ancien président de gauche Lula. Même si son avance se réduit depuis quelques semaines, Lula demeure le favori. Les principaux sondages lui accordent toujours une dizaine de points d’avance. S’il l’emporte en octobre, alors le triomphe sera quasi complet pour la gauche. Quasiment tout le continent aura basculé en l’espace de 4 ans.
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