La Croatie va devenir le 20e membre de la zone euro, un symbole pour les Balkans
Les billets, plus de 300 millions de coupures, sont prêts. Les pièces, plus de 600 millions, également. Dimanche 1er janvier 2023, l’euro va donc prendre la place de la monnaie nationale croate, la kuna, dans ce pays de 4 millions d’habitants, tout proche de l’Italie, à une heure de route seulement via la Slovénie. L’arrivée de la monnaie européenne fait la une de la presse croate en cette fin de semaine, d'autant que le pays, dans le même temps, intègre également l’espace de libre circulation Schengen. C’est l’aboutissement de beaucoup d’efforts : la Croatie a rationalisé son secteur bancaire (le nombre de banques est passé de 60 à 20), la croissance est régulière (20% en moyenne depuis sept ans), le chômage est maîtrisé (7%), la corruption également. La richesse par habitant est désormais comparable à celles de la Grèce ou du Portugal.
En fait, la Croatie a déjà largement recours à l’euro, conséquence de l’importance du tourisme qui est la première ressource du pays. Plus de la moitié des importations et des exportations se règlent déjà en euros. Et la monnaie européenne représente les trois quarts des réserves bancaires. Seule crainte des habitants, d'ailleurs soulignée par la presse croate, c’est de voir les commerçants profiter du passage à l’euro pour augmenter leurs prix.
L'espoir d'enrayer l'exode démographique
La Croatie devient donc, après la Slovénie, le deuxième pays de l’ex-Yougoslavie à intégrer la zone euro. C’est une évolution express pour ce pays un peu plus grand qu’une région française et qui n’a rejoint l'Union européenne qu’en 2013, moins de 20 ans après la guerre des années 90. C’est la preuve que les Balkans ne sont pas condamnés à l’instabilité, alors que les tensions y demeurent vives, en Bosnie, et entre Kosovo et Serbie. C’est aussi l’espoir, par la solidité économique, d’enrayer l’exode démographique : la Croatie a perdu 10% de sa population en dix ans, qui s'exile en Italie, en Allemagne, en Autriche. Rappelons que tous ces pays des Balkans, tout autant concernés par l'exode démographique, sont candidats à l’adhésion à l'Union européenne : le Monténégro, la Macédoine du Nord, l'Albanie, la Bosnie, la Serbie et le Kosovo.
Une zone euro plus solide
C’est aussi un symbole pour l’Europe. La zone euro existe depuis 20 ans, et elle fête, avec la Croatie, l’arrivée de son 20e membre, huit ans après la dernière intégration, celle de la Lituanie en 2015.
On 1 January 2023 Croatia will join the eurozone– 10 years after becoming a member of the
— EU Council (@EUCouncil) December 27, 2022
Find out more about the common currency and the benefits it brings pic.twitter.com/c6IxTIP4eG
C’est le signe que la monnaie européenne reste attractive. Elle est d’ailleurs désormais la deuxième monnaie de réserve au monde, derrière le dollar. Sa solidité a été renforcée par les dernières décisions politiques des Européens : création du "Mécanisme Européen de solidarité" et de procédures d’endettement commun. Les marchés le savent désormais : si un pays membre de la zone euro fait défaut, l’Union viendra à son secours.
Pour autant, la zone euro n’est pas à l’abri des secousses, en particulier en raison de l’inflation qui va perdurer en 2023. Et après la Croatie, on voit mal qui sera le prochain pays à adopter la monnaie européenne. La Bulgarie est candidate, mais elle est loin de répondre aux critères requis, sur la lutte contre la corruption comme sur la stabilité politique.
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