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La natalité continue de s'effondrer en Corée du Sud

Non content d’être confronté à l’épidémie de coronavirus, le pays d'extrême-orient fait face à un déclin rapide de son taux de fécondité, avec des conséquences économiques sans doute majeures.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Scène de vie devant une école à Woldeung, près de Séoul. (JUNG YEON-JE / AFP)

0,92. Voilà le taux de fécondité l’an dernier en Corée du Sud. Moins d’un enfant par femme. Le chiffre a été publié mercredi 26 février. Il n’a jamais été aussi faible. Et c’est le taux le plus bas au monde. C’est deux fois moins qu’en France. Au dernier trimestre 2019, ce taux est même tombé à 0,88 en Corée du Sud. Et pour la première fois depuis 40 ans, la population du pays a diminué au mois de novembre : 25 400 décès dans le mois, pour seulement 23 800 naissances. Cette évolution est d’autant plus préoccupante que la population vieillit rapidement. Parce que l’espérance de vie est élevée en Corée du Sud : 86 ans pour les femmes, 80 ans pour les hommes. Aujourd’hui, sur les 52 millions d’habitants que compte le pays, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus est supérieur au nombre de jeunes âgés de moins de 15 ans. Allons plus loin, faisons un peu d’anticipation, à partir de ces statistiques : au rythme actuel, en 2067, l’âge moyen en Corée du Sud sera de 62 ans, pour seulement 39 millions d’habitants, 13 millions de moins qu’aujourd’hui.  

Âge moyen : 62 ans en 2067

Il y a plusieurs explications. La raison principale, c’est la pression sociale pour travailler et faire carrière. Ça passe avant tout autre considération. Le résultat, c’est la génération Sampo, comme on l’appelle en Corée : pas de relation amoureuse, pas de mariage, pas d’enfant. Ensuite, mais c’est lié, il y a le coût prohibitif d’élever un enfant : les logements sont hors de prix, les crèches ne sont pas assez nombreuses. Et comme la réussite sociale est primordiale, il faut absolument inscrire son enfant à des cours du soir privés et donc très chers. Bref, les couples n’ont pas les moyens, ils ne font pas d’enfants.

En plus, le chômage des jeunes augmente, 7% aujourd’hui. C’est deux fois la moyenne nationale. Donc ça fait hésiter. Enfin, il y a la persistance d’une société patriarcale et misogyne, qui veut cantonner les femmes dans des rôles secondaires, cumulant un emploi mal payé avec la gestion de toutes les tâches ménagères. Là non plus, ça ne donne pas envie de faire des enfants. Les pouvoirs publics ont bien débloqué des budgets ces dernières années, 130 milliards d’euros au total, pour inciter à la procréation. Mais ça n’a rien changé.

100 000 soldats en moins

En fait, il n’y a aucune raison pour que la courbe s’inverse et il y a des conséquences en série ! La main d’œuvre commence à manquer. Des écoles ferment faute d’écoliers. L’armée, essentielle en Corée du Sud face au grand rival de Corée du Nord, est en déficit de troupes : elle va passer d’ici deux ans de 600 000 soldats à 500 000. Et surtout, les interrogations se multiplient sur le financement des retraites. Puisque la population active ne cesse de diminuer.   L’enjeu est d’une tout autre ampleur que ce que nous connaissons en France. En fait, ces statistiques dressent le tableau d’une Corée du Sud qui va droit dans le mur.    

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