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La répression redémarre en Algérie

Plusieurs décisions de justice témoignent d’un nouveau durcissement vis-à-vis des manifestants qui défient le pouvoir depuis plus d’un an.    

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une manifestation à Alger le 27 septembre 2019 pour demander la libération de Karim Tabbou (RYAD KRAMDI / AFP)

Le cas le plus emblématique, c’est celui de Karim Tabbou. Son portrait sera certainement brandi par de nombreux Algériens, ce vendredi13 mars lors de la désormais traditionnelle manifestation du vendredi. Tabbou, 46 ans, figure de l’opposition, a été condamné ce mercredi 11 mars par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, à un an de prison dont six mois ferme. Comme il croupit en détention préventive depuis le mois de septembre, il devrait en fait retrouver la liberté le 26 mars. Mais la condamnation n’en est pas moins très forte. Tabbou a été reconnu coupable "d’atteinte à l’unité nationale", simplement pour avoir manifesté. Pendant le procès, près de 60 avocats se sont relayés à la barre pour le défendre et dénoncer un dossier totalement vide. Ça n’a pas suffi. La condamnation est tombée. Et les quelque 300 personnes qui s’étaient regroupées devant le tribunal pour l’annonce du verdict ont été dispersées par les forces de l’ordre. Ce tribunal de Sidi M’hamed a la réputation de condamner tout le monde. Et en l’occurrence, le verdict a valeur de symbole. Parce que Karim Tabbou est bien connu du grand public algérien : c’est un orateur charismatique, qui s’exprime aussi bien en arabe qu’en tamazight, les deux langues du pays.  

Intimidations contre la presse

On avait pourtant cru, il y a quelques semaines, à un assouplissement du pouvoir après l’élection du nouveau président, Abdelmajid Tebboune. Mais la répression semble repartie pour un tour. Ça ne se limite pas au cas de Tabbou. Un autre militant de la société civile, Samir Belarbi, qui avait été relâché début février, a été de nouveau arrêté. Il est toujours sous mandat de dépôt. Tout comme d’autres opposants : Slimane Hamitouche, Toufik Hassani, là encore des figures du "Hirak", le mouvement de contestation qui dure depuis 14 mois. Qui plus est, un journaliste bien connu lui aussi, Khaled Drareni, a été arrêté ce mardi 10 mars. On lui reprochait d’avoir filmé une manifestation, en gros d’avoir fait son boulot. Drareni travaille pour la chaine française TV5 Monde et c’est aussi le correspondant local de l’ONG Reporters sans frontières. Il a été finalement été relâché le 11 mars au soir mais maintenu sous contrôle judiciaire. Ça ressemble fortement à une mesure d’intimidation vis-à-vis de toute la presse algérienne, en particulier vis-à-vis des reporters qui travaillent pour des médias étrangers.    

Des magistrats à la botte des services de sécurité

Donc le nouveau président Tebboune ne tient pas vraiment ses promesses. D’ailleurs, son premier ministre, Abdelaziz Djerad, n’a pas hésité ce mardi 10 mars à appeler le Hirak à "mettre en sourdine ses revendications et ses manifestations". Et surtout, il n’est pas dit que le président Tebboune contrôle quoi que ce soit. Certains juges en particulier, sont aux ordres des services de sécurité et de l’appareil militaire, qui continue de tenir le pays. Tout cela se produit au moment où l’Algérie s’enfonce dans les turbulences économiques avec la chute du baril de pétrole. Bref, tout ça n’est pas très rassurant pour la suite.    

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