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La télévision russe simule une attaque nucléaire sur Washington

Le climat de guerre froide se confirme entre la Russie et les Etats-Unis. Deux épisodes en sont des révélateurs, notamment l'un en prime time à la télévision publique à Moscou qui en témoignent.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président russe Vladimir Poutine (à g.) et le président américain Donald Trump, le 30 novembre 2018. (SAUL LOEB / AFP)

Imaginez que vous regardez le journal de 20 heures sur TF1 ou France 2 et le présentateur propose une simulation d’un tir nucléaire sur Moscou. C’est à peu près l’équivalent qui s’est produit dimanche 24 février sur la grande chaîne publique russe Rossiya 24, à l’heure de plus grande écoute. Le journaliste vedette Dmitri Kiseliov, que l’on dit très lié à Vladimir Poutine, dévoile une cartographie montrant comment les missiles russes peuvent détruire tous les centres de décision de Washington, dans un feu d’apocalypse nucléaire.

Sur la simulation, les missiles foncent vers le Pentagone, Camp David, etc. En une minute 20, affirme le journaliste, c’est terminé, il n’y a plus rien. Le reportage est truffé d’erreurs. Il évoque notamment des bases militaires américaines qui sont hors service depuis belle lurette. Mais l’essentiel est ailleurs. C’est le symbole qui compte, très révélateur du climat qui règne entre la Russie et les Etats-Unis. Depuis l’affaire a suscité un déluge de commentaires sur les réseaux sociaux. Le célèbre quotidien américain New York Times s’en est emparé mardi 26 février. Le porte-parole du Kremlin a dû préciser que le pouvoir russe n’est pour rien dans cette simulation et que le président Poutine n’a jamais désigné de cibles aux Etats-Unis. Drôle d’ambiance.  

Que le bombardier Petrov vise Washington

Deuxième épisode, lui aussi révélateur, samedi 23 février : le chœur de Saint-Petersbourg lors d’un concert, dans l’une des cathédrales de la grande ville russe  chante : "Dans un sous-marin nucléaire, avec une douzaine de bombes de 100 mégatonnes, j’ai traversé l’Atlantique et j’ai demandé au bombardier Petrov de viser Washington." Et ils continuent en chantant : "Pardonnez-nous l’Amérique, mais c’est une honte que vous ayez été découverts il y a 500 ans." En fait, il s’agit d’une reprise d’une vieille chanson datant de l’époque Soviétique. Là encore, déluge de commentaires surpris sur les réseaux sociaux, mais le chœur se défend en avançant l’argument de la liberté artistique. L’histoire peut paraître anecdotique. Mais le seul fait qu’une formation musicale s’autorise ce choix est révélateur de ce regain de guerre froide.  

De nouveaux missiles en préparation

On se dirige en fait vers une nouvelle course aux armements. La semaine dernière, Vladimir Poutine a promis le déploiement de nouveaux missiles hypersoniques baptisés Zycon avec une portée de 4 000 kms. Et de l’autre côté, Donald Trump a donc décidé de jeter à la poubelle le traité INF (FNI en français) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire. Les deux pays s’accusent l’un l’autre de développer de nouvelles armes secrètes. Et même si on veut croire que tout cela relève de la dissuasion mutuelle, ne perdons pas de vue que l’Europe est géographiquement en plein milieu de ce potentiel champ de bataille.

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