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Le Canada accuse la Chine d'"ingérence", celle-ci dénonce des "calomnies"

Les relations entre Pékin et Ottawa se tendent encore après les révélations du quotidien "The Globe and Mail", selon qui un député canadien était sur le point d'être "ciblé" par les Chinois.
Article rédigé par Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le député canadien Michael Chong. Selon le "Globe and Mail", lui et sa famille, qui vit à Hong Kong, ont subi des pressions de la part de la Chine. (TIM SMITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA VIA AFP)

Les relations entre Pékin et Ottawa prennent un tour nouveau après les révélations du quotidien The Globe and Mail. Un député canadien était sur le point d'être "ciblé" par les Chinois. La menace reste floue, mais le danger bien réel au point de convoquer une réunion tout à fait particulière, dans une aile du Parlement à Ottawa. Une sorte de huis-clos improvisé à quatre personnes. Justin Trudeau, le Premier ministre canadien en personne, son conseiller à la sécurité nationale, le chef des services de renseignements et le député en question, Michael Chong. Sa famille a des origines à Hong Kong et sur l'échiquier politique local, il est le "Shadow minister of Foreign affairs". C'est-à-dire l'homme en charge des questions internationales, au sein de l'opposition.

Dans ce huis-clos, le chef du renseignement lui lit un rapport de ses services. Il évoque "une menace qui pèse sur lui et sur sa famille." Un nom lui est même glissé à propos de cette menace : Zhao Wei, un diplomate chinois établi au Canada. L'entretien dure une dizaine de minutes. Le parlementaire sera briefé plus sérieusement dans les jours qui suivent.

Ottawa envisage l'expulsion de diplomates chinois

Si Michael Chong en est là, c'est parce qu'il a soutenu et voté une motion en février 2021. Elle assimilait le traitement réservé aux Ouïghours, par la Chine, à "un génocide". Le genre de prise de position de nature à allumer quelques lumières rouges sur les écrans radars chinois. 

Le gouvernement de Justin Trudeau aurait bien aimé garder cela secret, mais les révélations du Globe and Mail - et les critiques qui avancent que rien n'a été fait pour la sécurité du député - poussent sa ministre des Affaires étrangères à se faire menaçante. Mélanie Joly a convoqué l'ambassadeur de Chine, jeudi 4 mai, et elle n'écarte pas la possibilité d'expulser certains diplomates. Surtout s'ils ont l'idée de faire des responsables politiques canadiens des exemples pour quiconque se mettrait à critiquer Pékin. La Chine, elle, nie en bloc et assure que le Canada "calomnie et diffame de manière infondée" le fonctionnement de ses ambassades.

Des relations déjà tendues entre les deux pays

Cela fait presque cinq ans que les deux pays se crispent, depuis 2018, lorsque les autorités canadiennes arrêtent une responsable du groupe de télécoms chinois Huawei. Ils le font à la demande de la justice américaine. Signe pour la Chine que le Canada est un vassal des États-Unis. Il y a aussi les accusations selon lesquelles Pékin aurait cherché à influencer les résultats des élections canadiennes de 2019 et de 2021. La question, aussi, des nombreux postes de police illégaux : des locaux, des appartements où les autorités chinoises interrogent leurs opposants basés au Canada. 

Tout ceci laisse dire aux services secrets canadiens que leur pays est une cible prioritaire pour l'ingérence de la République populaire de Chine. Expulser des diplomates servirait donc à se défaire, en partie, de l'emprise des renseignements chinois.

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