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Le Danemark ciblé par les espions chinois, russes, iraniens... et même américains

Les services de renseignement de ce pays du nord de l'Europe sont inquiets : ils affirment que l’espionnage des puissances étrangères est en forte hausse dans le pays. La Chine est particulièrement montrée du doigt.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lars Findsen, ancien chef du renseignement danois, a été arrêté en décembre 2021 pour haute trahison. Ici à Copenhague le 19 décembre 2017 (LISELOTTE SABROE / RITZAU SCANPIX)

Comme dans Hamlet de Shakespeare, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Mais en l’occurrence ce sont les grandes puissances étrangères qui cherchent à tout savoir sur ce pays de six millions d’habitants. C’est la conclusion de ce rapport tout à fait officiel des services de renseignement de la police danoise. 32 pages de rapport, en ligne depuis jeudi 13 janvier.

Les services danois affirment que l’espionnage a fortement augmenté ces dernières années. Et il prend toutes les formes possibles : vol de technologies, harcèlement, trafic d’influence, voire tentatives d’assassinat. Selon le rapport, la Chine est la plus impliquée et elle se concentre sur l’espionnage économique : obtenir des informations sur les technologies de pointe, les biotechnologies où le Danemark est en pointe, et les matières premières, en particulier au Groënland, territoire rattaché à Copenhague.

Les services danois pointent notamment le rôle joué par les étudiants et les enseignants dans le cadre d’échanges universitaires avec la Chine. L’été dernier, le journal de Copenhague Politiken avait d’ailleurs révélé le recrutement de 30 chercheurs danois par les programmes chinois.  

La Chine et la Russie en première ligne

D’autres pays sont impliqués : la Russie, l’Iran, l’Arabie Saoudite. Mais ils ne procèdent pas tous de la même manière et ne s’intéressent pas tous à la même chose. Selon le rapport, la Russie fait de l’espionnage plus classique, et a placé plusieurs officiers de renseignement, sous couvert diplomatique, dans son ambassade à Copenhague. Ces officiers cherchent à recruter des Danois, en particulier ceux qui ont accès à des documents classifiés, par exemple sur les questions de défense.

L’Iran et l’Arabie Saoudite, de leur côté, s’intéressent davantage au fait de traquer les opposants à leur régime respectif. Par exemple il y a quelques mois, un opposant iranien en exil au Danemark a été la cible d’une tentative de meurtre. Un binational iranien-norvégien a été arrêté et condamné à sept ans de prison.  

Le patron du renseignement arrêté 

Parallèlement, l’ancien chef du renseignement danois est en prison depuis début décembre. Et dans ce dossier opaque, c’est cette fois l’espionnage américain qui est en cause. Lars Findsen, c’est son nom, possède une sacrée carte de visite. Il a dirigé les renseignements de la police (le service qui vient de publier un rapport) puis le renseignement militaire. Il a été arrêté le 8 décembre dernier, inculpé de haute trahison, et il a fait sa première apparition publique le lundi 10 janvier, dans le box au tribunal, lors d’une audience très brève. Le temps pour lui de proclamer son innocence et le temps pour le juge de prononcer un huis-clos complet.

En fait, Findsen est soupçonné de transparence. Il est peut-être l’homme qui, l’an dernier, a transmis aux médias danois des informations sur un scandale dont on a beaucoup parlé : l’utilisation par les services d’écoute américains, la NSA, de stations danoises pour placer sur écoute plusieurs dirigeants européens, dont Angela Merkel. L’affaire, digne du Bureau des Légendes, a créé une sale ambiance entre Washington et les Européens. Et elle vient elle aussi alimenter ce sentiment que le Danemark est une plaque tournante de l’espionnage.  

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