Le Pérou touché par une marée noire consécutive au tsunami à l'autre bout du Pacifique
La catastrophe écologique qui frappe ce pays d'Amérique du Sud a été en grande partie dissimulée au départ, et elle est une conséquence indirecte du tsunami qui s'est déclenché aux îles Tonga, à l’autre bout du Pacifique.
Les images rappellent les catastrophes que l’on a pu connaître en France avec l’Erika ou l’Amoco Cadiz : l’océan noirci, des plages souillées par le pétrole... Et des animaux morts englués dans les hydrocarbures. En particulier, des cormorans, et aussi des pingouins ou des lions de mer, il y en a beaucoup sur la côte Pacifique du Pérou.
Au total, au moins 18 km² sont d’ores et déjà pollués tout près de la capitale Lima. Une immense métropole de 9 millions d'habitants. Il s'agit de la zone côtière de Callao, une banlieue de Lima, à côté de l’aéroport, qui a été frappée. Dix plages sont touchées, notamment autour de l’île San Lorenzo, située juste en face de Callao. C'est le tsunami des îles Tonga, samedi 15 janvier, à près de 10 000 kms plus à l’ouest, qui a déclenché la catastrophe en chaîne. Les vagues, immenses au cœur du Pacifique, ont perdu en intensité avec la distance, mais ont tout de même créé une forte houle qui a fait gîter un supertanker en train de décharger du brut à Lima, dans la raffinerie de La Pampilla. Et des barils se sont échappés du pétrolier pour se répandre en mer.
Une catastrophe minimisée par Repsol ?
Le problème est que la compagnie pétrolière semble avoir cherché à dissimuler les faits. Il s’agit de la compagnie pétrolière espagnole Repsol. Elle a minimisé l’affaire en affirmant d’abord que la fuite était toute petite : à peine une trentaine de litres, moins d’un cinquième de baril. Du coup, aucune alerte n’a vraiment été lancée. Par exemple, les estivants ont continué d’aller se baigner sur les plages. Mais peu à peu, le pétrole a fait son apparition, les réseaux sociaux ont sonné l’alerte.
Mercredi 19 janvier, la compagnie pétrolière a fini par admettre qu’en réalité, ce sont 6 000 barils qui se sont échappés du supertanker : 30 000 fois plus que l’estimation de départ. Près d’un million de litres de brut. On estime aujourd’hui que 10 000 personnes ont été exposées à la pollution sur les plages, sans s’en rendre compte au départ. Le gouvernement péruvien est furieux. Il entend réclamer au moins 30 millions d’euros de dédommagement à la compagnie pétrolière. Une enquête judiciaire a été ouverte pour pollution environnementale, contre Repsol et les responsables de la raffinerie. Mais la colère vise aussi la marine péruvienne, qui n’a pas alerté la raffinerie malgré le risque tsunami.
En attendant, le pétrole continue de se répandre, la marée noire n'est pas maîtrisée même si les opérations de nettoyage ont commencé sur les plages. Des centaines de personnes sont mobilisées, des barrières marines ont été mises en place pour limiter la casse. L’activité de la raffinerie a été suspendue. Et le gouvernement a donné cinq jours à Repsol pour juguler la marée noire. Mais ça s’annonce compliqué.
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