Malgré une forte tradition catholique, la République de Saint Marin légalise l'avortement
Ce petit État situé au cœur de l’Italie était l’un des derniers pays européens à interdire l'IVG. Ses habitants viennent de l'autoriser par référendum.
Le résultat du scrutin organisé dimanche 26 septembre ne souffre aucune contestation : 77% de oui. Un raz de marée en faveur de la légalisation de l’avortement. Ça peut paraître anecdotique, tant Saint Marin est un tout petit territoire : à peine plus de 60 km2 et 35.000 habitants, le tout enclavé en Italie près de la côte Est, entre Florence et Rimini. Saint Marin est essentiellement connu pour son circuit de vitesse, qui accueille un grand prix moto, après avoir longtemps abrité un grand prix de Formule 1.
Ce vote mérite néanmoins d’être regardé attentivement parce que Saint Marin est une terre de forte tradition catholique et où la loi sur l’avortement datait de 1865. Une loi extrêmement stricte, renforcée pendant la période fasciste au milieu du XXème siècle : elle considérait l’avortement comme un crime passible de 6 mois à 3 ans de prison ferme pour la femme, et jusqu’à 6 ans de prison pour le médecin auteur de l’intervention. Désormais, l’IVG va devenir possible jusqu’à 12 semaines de grossesse, et même au-delà en cas de menace pour la santé de la mère, ou de graves malformations du fœtus.
La fin d'une loi de 1865
La campagne s’est déroulée dans un climat tendu. Les opposants à l’avortement ont déployé d’importants moyens de communication. L’Église catholique en particulier s’est fortement mobilisée, s’appuyant sur les déclarations du pape sur le sujet, et en allant jusqu’à assimiler l’avortement à la Shoah, l’extermination des juifs d’Europe. Le principal parti de Saint Marin, le parti démocrate-chrétien, a également fait campagne pour le Non. A l’opposé, plusieurs associations de femmes militaient pour le Oui et faisaient également valoir l’hypocrisie de la situation. Puisque dans les faits, les habitantes de Saint Marin désireuses de pratiquer une interruption de grossesse, se contentent de faire quelques kms, pour se rendre en Italie, où l’avortement est légal depuis plus de 40 ans. Les débats sur la télévision locale ont donc été très animés. Le résultat laisse penser que de nombreux électeurs croyants, démocrate-chrétiens, ont rejeté les consignes du clergé, pour voter Oui. Le taux de participation s’est élevé à 41% et ce sont surtout les femmes qui se sont déplacées aux urnes. Le parti démocrate-chrétien a reconnu sa défaite et il s’est donc engagé dimanche soir à "respecter le choix des électeurs" en présentant un projet de loi qui légalise l’avortement au plus tard d’ici 6 mois.
Malte, Andorre et le Vatican, bastions de l'interdiction de l'IVG
Après ce vote de Saint Marin, l’avortement est légal quasiment partout en Europe. Il ne demeure interdit qu’au Vatican (un cas particulier qui se comprend assez facilement), en Andorre (mais les Andorranes vont avorter en France ou en Espagne), et à Malte, seul pays de l’Union européenne à refuser l’IVG. Malte, 500.000 habitants, où là encore, une femme risque toujours jusqu’à 3 ans de prison en cas d’avortement. Ces derniers mois, l’avortement avait déjà été assoupli à Gibraltar et il y a 3 ans légalisé en Irlande. Le mouvement est donc plutôt à la légalisation généralisée de l’avortement en Europe. Mais il y a un contre-exemple, la Pologne, où l’IVG, depuis l’an dernier, n’est plus autorisée qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.