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New York : la célèbre prison de Rikers Island va fermer ses portes

C'est l'un des centres pénitentiaires les plus connus et aussi les plus dangereux au monde. La mairie de New-York vient d'entériner sa fermeture.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La prison géante de Rikers Island à New-York avait hébergé Dominique Strauss-Kahn en 2011. (15 mai 2011). (JEWEL SAMAD / AFP)

Des applaudissements ont retenti dans la salle du Conseil municipal de New-York  jeudi 17 octobre au soir pour saluer une décision, prise à une large majorité : les élus new-yorkais ont voté la fermeture de l'emblématique prison de Rikers Island, bien connue en France, car c’est là qu’avait séjourné Dominique Strauss Kahn en mai 2011.

C’est un endroit très particulier : une île, donc, comme son nom l’indique, d’un peu moins de 2 km², située sur l’East River, au nord-est de Manhattan. Au total, le complexe, construit dans les années 1930, comprend dix prisons distinctes, reliées entre elles, dans deux bâtiments construits en forme de X. DSK avait été incarcéré dans l’aile la plus protégée, la West Facility. 

Rikers Island compte 7 000 gardiens au total pour 8 000 détenus mais a compté jusqu’à 22 000 détenus pour 11 000 places, dans les années 1980 et 1990.  

Une fabrique du crime

La prison a mauvaise réputation, c’est pour ça que la décision a été accueillie par des applaudissements. Les surnoms de Rikers Island sont révélateurs : l’île de la torture, l’école des gladiateurs, le Guantanamo de New-York. Cette prison est "un symbole de brutalité et d’inhumanité". Ce sont les mots de Corey Johnson, le conseiller municipal de New-York qui a porté ce dossier de fermeture. La violence y est endémique, les règlements de compte omniprésents, on compte des dizaines de morts chaque année, par suicide ou assassinat à coups de poignard. Et l’été, les températures sont caniculaires dans les cellules, une fournaise. On y trouve aussi bien des gros bonnets de la délinquance que des petits junkies ou des prostituées. 80% des prisonniers sont en détention provisoire : ils sont là simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer leur caution. En fait, Rikers Island est considérée par beaucoup comme une fabrique du crime.  

9 milliards de dollars pour quatre nouvelles prisons

Rikers Island ne va pas fermer tout de suite. La décision du Conseil municipal a fixé une date limite : fin 2026, dans sept ans. D’ici là, la municipalité de New-York veut avoir fait construire quatre prisons de substitution, plus petites, notamment une dans le quartier de Chinatown, au sud de Manhattan. Le maire, Bill de Blasio, justifie sa décision en soulignant que la délinquance est en recul dans la ville : 10 fois moins d’homicide qu’il y a 20 ans. Mais sa politique ne fait pas pour autant l’unanimité. D’abord, la facture s’annonce salée : près de neuf milliards de dollars pour construire ces quatre nouvelles prisons. Et surtout, le total des places disponibles dans ces prisons ne sera que de 3 300, deux fois moins que le nombre actuel de détenus à Rikers. Donc il faudrait que la délinquance continue de diminuer, sinon ça ne suffira pas. Rappelons enfin un chiffre : les États-Unis comptent, avec plus de 2 millions de détenus, le taux d’incarcération le plus élevé au monde, en proportion de la population.

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