Paris 2024 : aux JO de 1976, le boycott de plusieurs pays africains pour dénoncer l'apartheid

Les Jeux de Montréal sont marqués par la protestation de 22 pays africains. Ces derniers exigent l'exclusion de la Nouvelle-Zélande, qui a envoyé précédemment ses rugbymen en Afrique du Sud, alors sous le régime de l’apartheid.
Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les équipes africaines se préparent à quitter les Jeux olympiques de Montréal, au Canada, le 23 juillet 1976. (REG LANCASTER / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

À l’approche de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, retour sur l’année 1976. Les Jeux olympiques sont organisés à Montréal, au Canada, et voient l'émergence d'une force africaine dans le sport mondial. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) frappe un grand coup en exigeant l'exclusion de la Nouvelle-Zélande des JO, au motif qu'elle a autorisé son équipe de rugby, les fameux All Blacks, à réaliser une tournée en Afrique du Sud pour jouer contre les Springboks, composée de Blancs.

La lutte contre l'apartheid devient l'un des principaux objectifs politiques de l'OUA. Des négociations s'engagent alors avec le CIO, mais elles échouent. Résultat : 22 pays africains décident alors de boycotter les Jeux de Montréal à la veille de la cérémonie d'ouverture. Seuls deux pays du continent, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, refusent de s'associer au mouvement et envoient des délégations au Canada.

Le massacre de Soweto, catalyseur du boycott africain

Le mouvement de protestation de l'OUA est en fait une réaction à la répression sanglante des forces de sécurité sud-africaines contre le township de Soweto dans la banlieue de Johannesburg. Le 16 juin 1976, une manifestation d'écoliers et de lycéens tourne à l'émeute. La violence de la répression fait 600 morts et plusieurs dizaines de milliers de personnes, essentiellement des Noirs, sont arrêtés.
La réaction de l'OUA, qui se réunit en sommet juste avant les Jeux de Montréal, est extrêmement vive. Non seulement, l'organisation panafricaine condamne le massacre de Soweto, mais appelle à la lutte armée contre le régime d'apartheid et soutient la livraison d'armes au Congrès National Africain, le mouvement de Nelson Mandela, qui est alors en prison.

Il faudra 1991 pour que l'Afrique du Sud soit réintégrée dans le mouvement olympique. Le régime sud-africain était exclu des Jeux olympiques depuis 1964. En juin 1991, le gouvernement abolit la loi sur la classification de la population, pilier de l’apartheid, c'est l’une des deux conditions évoquées par le CIO pour une réintégration définitive de l’Afrique du Sud au sein du comité olympique. La deuxième est la fusion des fédérations de chaque sport, jusque-là divisées entre populations blanches et non-blanches, et qui se fera progressivement.

Le CIO décide de réintégrer l’Afrique du Sud au sein du comité olympique le 9 juillet 1991. Les athlètes sud-africains sont autorisés à participer aux Jeux olympiques de Barcelone de 1992 et remportent deux médailles d'argent.

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