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Poutine veut introduire la référence à Dieu dans la Constitution russe

Le président russe veut changer la Constitution à sa sauce. En y gravant dans le marbre l'interdiction du mariage homosexuel et la référence à Dieu.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président russe Valimir Poutine (G) et le patriarche Kirill, le 4 novembre 2019 à Moscou. (SHAMIL ZHUMATOV / POOL)

Cette réforme constitutionnelle en Russie, c’est Vladimir Poutine qui l’a initiée il y a un mois et demi. Et le texte a déjà été validé par le Parlement en première lecture. Mais jusqu’à présent, il n’était pas question de Dieu ou du mariage dans ce texte. Tout a changé lundi 2 mars : le président russe a soudain transmis directement au Parlement 24 pages d’amendements supplémentaires. Et ces amendements ne sont pas anecdotiques. Premier point : Vladimir Poutine souhaite donc que la "foi en Dieu" soit intégrée dans la Constitution, comme une "tradition millénaire russe". C’est une petite révolution : la Russie est officiellement un pays séculaire, où l’Église est censée, jusqu’à présent, être séparée de l’État.  

Le poids du clergé orthodoxe

C’est la preuve du poids croissant du clergé orthodoxe dans la vie politique russe. Au fil des ans, Poutine (qui rappelons-le, en est à son quatrième mandat), s’est beaucoup rapproché du patriarche Kirill, qui dirige l’Église orthodoxe. C’est la première religion en Russie : on estime que 40% des 145 millions de Russes sont des orthodoxes pratiquants. Kirill est un personnage controversé. Il dirige son Église d’une main de fer et il aime beaucoup les yachts et les voitures de luxe. On l’a déjà vu aller faire du ski avec Poutine dans la célèbre station de Sotchi, qui a accueilli les Jeux olympiques. Poutine, réputé peu croyant au départ, a progressivement accordé une place de plus en plus importante à la religion, sans doute en partie par calcul politique. Voici donc la nouvelle étape, logique : Dieu gravé dans la Constitution.  

Le harcèlement des homosexuels

Deuxième point, le président russe demande donc aussi l’interdiction du mariage homosexuel. Il souhaite là aussi que ce soit écrit noir sur blanc dans la nouvelle Constitution : un mariage, c’est forcément l’union d’un homme et d’une femme. Dans les années 1990, la Russie s’était assouplie sur la question des droits de la communauté LGBT. L’homosexualité a cessé d’être un crime dans le pays en 1993. Mais avec Poutine, ça s’est à nouveau durci. Il y a sept ans, en 2013, une nouvelle loi a interdit "toute propagande homosexuelle", perçue comme une dérive de la culture occidentale. Depuis cette loi, les gays et les lesbiennes font systématiquement l’objet de harcèlement et de discrimination. Et ne parlons pas d’homoparentalité. "Tant que je serai président, disait Poutine il y a deux semaines, un enfant aura un papa et une maman."  

Un éventuel référendum

Tout ça devrait donc être adopté, ça ne fait guère de doute, lors du vote en seconde lecture prévu le 10 mars. Le Parlement fera ce que Poutine a décidé. Fin février quelque 10 à 20 000 personnes ont manifesté à Moscou contre ce projet de réforme constitutionnelle. Mais ça ne changera rien. Il est question de faire adopter ensuite cette nouvelle Constitution par référendum le 22 avril. Et certains prêtent aussi l’intention à Vladimir Poutine de profiter de ce changement de Constitution pour se fabriquer un nouveau poste à sa mesure, qui lui permettrait de rester au pouvoir après 2024, le terme de son mandat actuel.

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