Tueries de masse aux États-Unis : rien n’a changé depuis Sandy Hook et le poids de la NRA explique beaucoup de choses
Une tuerie dans une école au Texas a fait 21 morts mardi. L’émotion est considérable aux États-Unis et le débat sur le contrôle des armes est relancé. Mais, une nouvelle fois, le sujet va se heurter à l’opposition du lobby des défenseurs des armes.
Les États-Unis sont sous le choc, mercredi 25 mai, après une tuerie de masse dans une école du Texas, qui a fait, mardi, 21 morts dont 19 enfants. Alors que le débat sur le contrôle des armes est une fois de plus sur la table, le sujet risque de nouveau de se heurter au lobby des défenseurs des armes, la National Rifle Association (NRA).
Elle est souvent présentée comme le plus puissant des groupes de pression au monde. C’est la conséquence de son poids politique aux États-Unis. Pourtant, au départ, la NRA n’est qu’une association de chasseurs créée par deux soldats de la guerre de Sécession, en 1871. Il faut attendre un siècle, au début des années 1970, pour voir la NRA devenir un véritable groupe de pression politique.
Un gros soutien aux candidats à des élections
Son fondement est de défendre la liberté du port d’armes, garantie dans le deuxième amendement de la Constitution américaine. Cet amendement souligne également la "nécessité d’une milice bien organisée dans un État libre". Forte de ses cinq millions de membres, de ses 300 millions de dollars de budget, de sa propre chaîne de télévision NRATV, et de l’appui de quelques stars du cinéma comme Chuck Norris, la NRA décide d’investir le champ politique, c'est-à-dire de financer des campagnes électorales et des spots de publicité pour les candidats qui s’engagent à défendre le port d’armes et à s’opposer à toute restriction sur les armes à feu.
Le plus souvent, ce sont des candidats du parti républicain. La NRA soutient en particulier le candidat Donald Trump contre Hillary Clinton en 2016. Aujourd’hui encore, l'ancien président américain ne rate jamais une occasion de venir au congrès de la NRA. Celui-ci se déroule d'ailleurs à partir de vendredi à Houston, au Texas, dans le même État donc que celui où a eu lieu la tuerie d'Uvalde. Donald Trump y prononcera d'ailleurs un discours dès l’ouverture.
Dix ans après Sandy Hook, une tragédie très similaire
Cette tuerie du Texas en rappelle beaucoup d’autres mais surtout une en particulier : la tuerie de Sandy Hook, le 14 décembre 2012 dans le Connecticut, au nord-est du pays. La tragédie d'Uvalde est presque un copier-coller de Sandy Hook. Le meurtrier est un homme de 20 ans, sans antécédent flagrant, qui commence par tirer sur sa mère et prend sa voiture avant de faire irruption dans une école. Il tire alors de façon indifférenciée sur des enfants, qui ont pour la plupart 6 ou 7 ans. La tuerie avait fait 26 morts. Au Texas, l'agresseur a 18 ans, il tire sur sa grand-mère avant de se rendre à l'école et tue 21 personnes, dont 19 enfants à peine plus vieux que les victimes de Sandy Hook.
La tragédie de Sandy Hook avait déclenché une vague d’émotion. "On ne peut plus tolérer cela", avait alors dit Barack Obama, président des États-Unis à l'époque. Les drapeaux ont été mis en berne dans le pays et un projet de loi avait été lancé pour restreindre le port d’armes. Il n’aboutira pas, bloqué au Sénat. En revanche, les ventes d’armes ont explosé dans le pays après le drame. Dix ans plus tard, le même phénomène est à redouter : une vague d’émotion et rien au bout du compte. Après la tragédie du Texas, plusieurs parents de Sandy Hook se sont d’ailleurs exprimés sur les réseaux sociaux, pour s’interroger : "Combien d’enfants devront donc mourir et jusqu’à quand ?"
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