Ukraine : la guerre a généré 175 millions de tonnes de CO2 sur l'année 2022, selon un rapport

Une étude financée par les gouvernements suédois et allemands s'intéresse au "carbone de conflit" et révèle que plus de deux ans de guerre ont largement contribué à accélérer le réchauffement climatique.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Des pompiers tentent de maitriser le feu dans une station de gaz près de Kharkiv, après des bombardements russes, le 10 février 2024, Ukraine. (YEVHEN TITOV / ANADOLU/ AFP)

En Ukraine et, plus largement, sur toutes les zones où les tirs d’artillerie, les bombardements et tous les dégâts de l’activité guerrière ont pour conséquence d’accélérer le réchauffement de la planète. C’est le constat révélé par les travaux d’un groupe de chercheurs, financés par les gouvernements suédois et allemands, par la Fondation européenne, sur les émissions de gaz à effet de serre générées par les combats entre Kiev et Moscou. Des émissions qui seraient supérieures à celles produites par 175 pays dans le monde.

D’après ce rapport, la guerre en Ukraine a pollué plus sur l’année 2022 que des nations comme les Pays-Bas, le Koweit ou le Venezuela. L’invasion russe a généré 175 millions de tonnes de CO2 ou de gaz équivalent. Dans leurs travaux, les experts ont pris en compte la destruction des forêts, le bouleversement du trafic aérien, les dégâts, les fuites provoquées par les bombardements d’infrastructures sensibles, comme les centrales électriques ou les centrales à charbon. Cette guerre contribue à diffuser "un carbone de conflit" qui nuit en premier lieu, bien sûr, à l’Ukraine, mais qui nuit aussi à l’ensemble de la planète.

Une facture à 30 milliards d'euros pour la Russie

Cette étude est un travail qui répond à une résolution votée par les Nations unies en novembre 2022. L’Assemblée générale a estimé qu’après la guerre, la Russie devrait faire face aux réparations climatiques. Il a donc fallu établir un bilan écologique précis et méthodique. Chaque tonne d’émission de gaz à effet de serre est estimée à 170 euros. Donc, au total, sur les deux premières années de guerre, la facture s’élève à près de 30 milliards d’euros pour la Russie.

Le financement pourrait se faire sur la base des avoirs russes gelés depuis le début du conflit, mais ça ne réglera pas le problème principal, que représentent les dégâts écologiques de la guerre. Par exemple, parmi tous les agents polluants, les chercheurs ont recensé de l’Hexafluorure de soufre (du SF6), c’est le plus puissant de tous les gaz à effet de serre qui existent. La guerre pollue en profondeur l’air, mais aussi les sols.

Le porte-parole du Comité International de la Croix-Rouge, Frédéric Joli, précisait d’ailleurs récemment à un journaliste d’Arte TV que cette pollution durable était contraire au droit humanitaire. "L’idée du droit humanitaire, c’est que l’on n’a pas le droit de faire n’importe quoi quand on se bat. On n’a pas le droit de polluer des terres avec des défoliants pour les rendre improductives pendant des décennies, de polluer des puits et rendre l’eau impropre à la consommation ou alors causer des dommages à la santé des populations", explique-t-il.

"C’est la guerre du Vietnam qui a fait prendre conscience à la communauté internationale de l’impact de la guerre sur l’environnement et la santé."

Frédéric Joli, porte-parole du CICR

sur Arte

"Les millions de litres d’agent orange (un herbicide surpuissant) déversés par l’armée américaine ont encore aujourd’hui des effets néfastes sur la santé des populations", poursuit Frédéric Joli.

C’est la première fois que l’on dresse un bilan aussi précis, presque en temps réel. Mais le secret militaire ne révèle jamais l’intégralité des composants de ses systèmes d’armement et si ce rapport est certainement le plus complet pour dévoiler l’impact de la guerre sur l’environnement, son état des lieux est probablement en deçà des ravages provoqués par cette guerre.

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