Un oléoduc géant déclenche la controverse au Canada
En autorisant la construction du pipeline Transmountain, le premier ministre canadien Justin Trudeau vient de prendre une décision très controversée. Les associations de défense de l'environnement sont furieuses.
Cet arbitrage, très commenté au Canada, est un peu une maison-témoin emblématique de la contradiction fréquente entre intérêt commercial et impératif écologique. C’est pour ça que cette histoire est intéressante. Il s’agit de prolonger de près de 1 000 km cet oléoduc. Il est donc baptisé Transmountain, parce qu’il doit traverser les Montagnes Rocheuses, à l’ouest du Canada, entre la région d’Edmonton dans la Province de l’Alberta, et la baie de Vancouver, en Colombie Britannique, sur la Côte Pacifique.
Objectif : multiplier par trois la production de pétrole issu des sables bitumineux. Passer, avec la mise en place de 12 stations de pompage, de 300 000 barils par jour à 900 000 par jour. Cette région de l’Alberta posséderait les troisièmes réserves pétrolières au monde. Le but final c'est l'exportation, depuis Vancouver, en direction du marché asiatique. La construction va coûter très cher, le chiffre de 7 milliards d’euros est avancé. Mais à terme, ça pourrait évidemment rapporter beaucoup d’argent au Canada et aussi créer plusieurs milliers d’emplois.
Une hausse spectaculaire des gaz à effet de serre
Sauf que du point de vue écologique, ce n’est pas terrible ! La décision est même très paradoxale, puisque Justin Trudeau est l’un des dirigeants au monde les plus engagés sur la question environnementale. Et il y a deux jours, le gouvernement canadien a même fait voter un texte décrétant "l’urgence climatique". Ça peut donc sembler surprenant dans la foulée d’entériner ce projet, contesté par toutes les associations de défense de l’environnement. Elles dénoncent des effets en chaîne : pollution liée aux sables bitumineux, hausse des émissions de gaz à effet de serre, augmentation du trafic maritime à Vancouver, et menace indirecte pour certaines espèces, notamment les orques. Le gouvernement de la province de Colombie-Britannique est également très opposé au projet et annonce déjà des recours en justice, jusqu’à la Cour Suprême canadienne. Justin Trudeau répond que toutes les recettes fiscales futures générées par cet oléoduc seront réinvesties dans des projets d’énergie renouvelable, à hauteur de plus de 300 millions d’euros par an. Les ONG ne sont pas convaincues.
Un calcul électoral
Il y a aussi une arrière pensée électoraliste dans cette décision. Les élections législatives ont lieu en octobre prochain au Canada. Justin Trudeau et son parti, les libéraux, sont devancés dans les sondages par les conservateurs, très favorables à cet oléoduc. En particulier dans les provinces de l’ouest, comme l’Alberta. Le premier ministre canadien mise donc, peut-être, sur ce projet pour séduire les électeurs dans cette partie du pays.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.