Cet article date de plus d'un an.

Un peu plus d'un an après la crise des sous-marins, le rapprochement franco-australien se confirme

À la fin du G20 à Bali, Emmanuel Macron a rencontré le Premier ministre australien Anthony Albanese. Les relations entre la France et l'Australie sont en train de se réchauffer, 14 mois après la crise des sous-marins français.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président français Emmanuel Macron avec le Premier ministre australien Anthony Albanese, au sommet du G20 à Bali, en Indonésie, le 16 novembre 2022.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le vocabulaire de la réconciliation est de sortie chez les diplomates français comme australiens. "Nous sommes dans une dynamique positive", déclare le Quai d'Orsay. "Nous travaillons très bien sur une nouvelle feuille de route avec la France", estiment les Australiens. Et franchement, il y a 14 mois, on n'aurait pas parié là-dessus. La rupture par l'Australie du "contrat du siècle" avait déclenché une crise ouverte : Paris avait très mal pris l'annulation de la commande de 12 sous-marins conventionnels à la société Naval Group, et la décision de Canberra, la capitale australienne, de lui substituer un accord alternatif avec les États-Unis et le Royaume-Uni, sous le sigle Aukus.

Quatre mois plus tard, la page est tournée. En grande partie parce que l'Australie a changé de gouvernement : le travailliste Anthony Albanese a succédé au conservateur Scott Morrison. Morrison que plusieurs diplomates français affublent aujourd’hui, a posteriori, de noms d'oiseaux. Le nouveau Premier ministre est donc venu à Paris début juillet. Et il a revu Emmanuel Macron ce 17 novembre au G20 à Bali. Il était même question d’une visite du président français cette semaine en Australie. L'idée a finalement été abandonnée pour des raisons d'agenda trop serré. Ce n'est que partie remise : le déplacement pourrait avoir lieu en début d’année prochaine. Et d'ici janvier, les deux capitales veulent donc bâtir une feuille de route commune.  

Le retour des sous-marins

La grande question c'est de savoir s'il y aura à nouveau un contrat de défense dans cette feuille de route. C'est le souhait de Paris. À Bali, Emmanuel Macron a même précisé la nuit dernière que la proposition française de livrer des sous-marins conventionnels est toujours sur la table. Il s'agit sans doute d'une offre un peu différente de la première : cette fois, plutôt quatre sous-marins selon nos informations. En fait, l'Australie hésite parce qu'elle a un gros problème : la proposition alternative américaine n'est pas prête ; en plus il s’agit de sous-marins nucléaires, et l'Australie, a priori, ne veut pas de nucléaire. Donc la France a encore une chance d'obtenir quelque chose.

Dans cette feuille de route franco-australienne, il pourrait aussi y avoir des accords sur les transports et sur l'énergie. Des sociétés comme Alstom, Keolis et Transdev peuvent espérer des contrats sur le développement des transports en commun en Australie, au moment où la voiture est sur la sellette : le nouveau gouvernement Albanese est beaucoup plus sensible à la question climatique que son prédécesseur. Sur l'énergie, l'Australie suscite les convoitises parce que le sol du pays regorge de métaux rares. "C'est un pays clé pour l"avenir des énergies renouvelables", observe un haut diplomate français. Et la France est loin d’être la seule sur les rangs. L’Allemagne par exemple négocie des contrats importants, sur l’exploitation de l’hydrogène.  

Des offres coordonnées face à la Chine

Ce rapprochement franco-australien, il faut aussi le regarder en "plan large", face à la présence de la Chine ; c’est le grand enjeu de la zone Indo-Pacifique qui concentrera 60% de la richesse mondiale et 60% de la population mondiale d'ici à la fin de cette décennie. Vu d'Australie, la "menace chinoise", commerciale, voire militaire, est toute proche. Et la France est un acteur majeur dans la région, en raison de ses territoires d'outre-Mer : de la Réunion à la Polynésie en passant par la Nouvelle Calédonie. L'idée, c’est de mieux collaborer pour proposer des offres coordonnées à tous les petits pays du Pacifique qui sont très courtisés par Pékin.   Ce rapprochement franco-australien est indissociable de ce grand enjeu géostratégique.    

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.