Une Juive éthiopienne représentera Israël à l'Eurovision, et c'est une première
Eden Alene a été choisie mardi pour représenter Israël à l'Eurovision, plébiscitée par le jury et le public pour sa reprise de Beyoncé.
Elle s'appelle Eden Alene, elle a 19 ans, et c'est elle qui a été choisie mardi 4 février, après une compétition très serrée, pour représenter Israël à l'Eurovision, plébiscitée par le jury et le public pour sa reprise de la chanson Halo de Beyoncé.
Eden Alene est née et a grandi à Jérusalem, où elle a étudié le chant et la danse. Elle vit aujourd'hui avec sa mère, Zahava, dans le sud du pays, près de la bande de Gaza. Le grand public la connaît grâce à sa participation à X Factor, un concours de chant très populaire qu'elle a remporté en 2018, dédiant sa victoire à sa mère.
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Mais ce qui fait d'elle une candidate très particulière, c'est qu'Eden Alene est d'origine éthiopienne : ses parents, Juifs orthodoxes, ont émigré pour rejoindre cette communauté, mal aimée en Israël. Une communauté victime de racisme, de discriminations et de précarité économique. La jeune fille s'est d'ailleurs montrée très émue à l'issue de sa sélection avec ces mots : "C'est extraordinaire qu'une Éthiopienne soit désignée pour la première fois. C'est pour moi un honneur fou que de représenter mon pays."
La précarité économique des Juifs éthiopiens
Les Juifs d'origine éthiopienne sont environ 140 000 en Israël, dont 50 000 nés sur le sol israélien. La plupart ont bénéficié de la "Loi du Retour", et se sont installés dans l'Etat Hébreu à la faveur de deux grandes vagues d'immigration organisées en 1984, en pleine guerre civile, et en 1991, au moment de la chute du régime (opérations "Moïse" et "Salomon").
Leur intégration est compliquée : à leur arrivée les religieux israéliens veulent les soumettre à une "conversion rigoureuse au judaïsme", au prétexte que dans la corne de l'Afrique, ils ont été trop longtemps coupés du reste du monde et se sont éloignés du Talmud.
Bavures policières ?
Les "Felashas", comme on les appelle, sont installés dans des villes de banlieues, leur mauvaise maîtrise de l'hébreu les écarte du marché du travail. Aujourd'hui encore un tiers des familles éthiopiennes israéliennes vit sous le seuil de pauvreté. L'accès au logement et à l'éducation est problématique : un certain nombre d'enfants ne sont pas scolarisés, refusés par les établissements scolaires en raison de leur couleur de peau... En 2013 le ministère de la santé a même reconnu que des femmes Ethiopiennes avaient été victimes de contraceptions forcées. Mais surtout l'an dernier, à deux reprises, des policiers sont accusés d'avoir tué deux jeunes Juifs éthiopiens dans des circonstances troublantes. Des manifestations violentes ont eu lieu tout l'été.
>> La colère des Éthiopiens d'Israël contre le racisme
L'un des représentants des forces de l'ordre vient d'ailleurs d'être mis en examen pour homicide involontaire. On comprend donc dans ce contexte que la désignation d'une candidate noire d'origine éthiopienne pour représenter Israël est effectivement un geste qui compte. Un geste dont s'est empressé de se féliciter le Premier ministre Benyamin Netanyahou : "Eden, tu es une championne ! Faites-vous confiance pour ramener l'Eurovision à la maison. Bonne chance !"
עדן, את אלופה! סומכים עלייך שתחזירי את האירוויזיון הביתה. בהצלחה! pic.twitter.com/vBmM08ZyBw
— Benjamin Netanyahu (@netanyahu) February 4, 2020
La chanson qu'Eden Alene chantera n'est pas encore choisie. Elle pourrait être chantée non pas en Hébreu mais en Amharique, ex-langue officielle de l'Ethiopie qui fait partie de la famille des langues sémitiques.
Depuis la première édition de l'Eurovision, en 1973, Israël a participé 42 fois à la compétition, qu'elle a remportée à 4 reprises (notamment en 2018). La jeune chanteuse, qui fait en ce moment son service militaire (dans l'un des orchestres de l'armée israélienne), aura besoin d'une permission pour se rendre le 16 mai aux Pays-Bas, à Rotterdam où se tient la 65è édition du concours de l'Eurovision.
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