Xi Jinping en visite à Hong Kong, symbole du contrôle chinois désormais total sur la ville
Ce déplacement du président chinois intervient à l'occasion des 25 ans de la rétrocession de la ville par les Britanniques. Et cette visite est l'aboutissement de la reprise en main totale du territoire par Pékin.
La scène avait quelque chose de surréaliste, comme un vieux film dans un décor de carton-pâte. Il était 15h15 à Hong Kong, 9h15 à Paris, jeudi 30 juin, lorsque Xi Jinping est arrivé en train à la nouvelle gare de la ville, accueilli par des flonflons un peu surannés. La gare avait été totalement vidée avant son arrivée : seuls présents dans les immenses halls désertés, des officiels triés sur le volet, quelques centaines d'enfants et de jeunes brandissant des fanions rouges et des danseurs en tenue de dragons ou de lions.
Autant de personnes, y compris les enfants, placées à l'hôtel en quarantaine stricte depuis une semaine, pour éviter toute contamination. Hong Kong a été très touché par le variant Omicron et compte encore 2 000 cas par jour. Après avoir enlevé son masque FFP2, XI Jinping, dont c'est le premier déplacement en dehors de Chine continentale depuis deux ans, est ensuite monté seul sur une estrade, au fond de l'un des halls de la gare, le tout à une bonne vingtaine de mètres des caméras de télévision. Le temps de prononcer un premier discours où il salue la capacité de Hong Kong, à "renaître de ses cendres".
Sécurité maximale dans la ville
Les mesures de sécurité sont drastiques dans la ville à l'occasion de cette visite. Sécurité sanitaire : l'obsession du Zéro Covid reste le mantra du pouvoir chinois. Et sécurité tout court : plusieurs quartiers de la ville de 8 millions d'habitants ont été fermés. Même chose pour plusieurs sites publics que doit visiter Xi Jinping, des sites dont les employés sont invités à travailler à distance. Neuf personnes ont été arrêtées ces derniers jours, les journalistes accrédités sont triés sur le volet.
Les mouvements prodémocratie ont renoncé à toute manifestation vendredi, alors que c'est une tradition le 1er juillet, à l'occasion de l'anniversaire de la rétrocession. D'énormes barricades ont de toutes façons été dressées par la police dans les principaux carrefours. Le plus grand institut de sondage de Hong Kong a repoussé la publication des résultats d'une enquête sur la popularité du gouvernement de la ville. Trop risqué. Et bien sûr, la ville a été décorée de drapeaux rouges et de grandes banderoles affichant le nombre "25". Vingt-cinq, comme le nombre d'années écoulées depuis le départ des Britanniques en 1997.
Un pays, un système
En fait, officiellement, on est à mi-parcours du processus de rétrocession, et c'est pour célébrer cette étape que Xi Jinping a fait le déplacement. Le processus est censé durer 50 ans, jusqu'en 2047, 50 ans pendant lesquels Hong Kong est censé bénéficier d'un régime de liberté spécifique, c'est le principe "un pays, deux systèmes". "Un principe plein de vitalité, qui garantit la prospérité et la stabilité de Hong-Kong", à en croire la formule utilisée à son arrivée par le président chinois.
En réalité, depuis la répression des mouvements prodémocratie il y a trois ans, et plus encore depuis l'adoption de la "loi sur la sécurité nationale" il y a deux ans, il n'y a déjà plus qu'un seul système, celui de Pékin. Les libertés sont étouffées. Et demain, pour la cérémonie de 25 ans, le président chinois adoubera le nouveau gouverneur de la ville, John Lee, un policier dont le fait d'armes principal est d'avoir précisément réprimé les manifestants. L'ordre chinois règne à Hong Kong.
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