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Vous en parlerez aujourd'hui. Faut-il reconstruire Notre-Dame à l'identique ? le débat est ouvert

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les travaux de Notre-Dame de Paris.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron et Brigitte Macron sur le parvis de Notre-Dame de Paris, le 15 octobre 2019. (MAXPPP)

À chaque drame du patrimoine, le même débat. Reconstruire à l'identique ou en appeler à la modernité ? le futur chantier de Notre-Dame n'échappe pas à la discussion entre historiens et architectes. 

Ça y est le cap est fixé, le président de la République a annoncé que Notre-Dame sera rebâtie en cinq ans. Un délai assez exceptionnel pour ce type de travaux et une déclaration qui a fait dire à votre beau-père alors que vous étiez en famille, "Oh ! Ça les travaux on sait quand ça commence, hein !" Outre les problèmes de dégâts des eaux familiaux, la question désormais est : faut-il reconstruire à l’identique ? Par exemple, la flèche partie en flammes ? Construite par Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle en hommage à la précédente, démontée un siècle plus tôt, à l’époque, c’est un scandale. Aujourd’hui, une évidence.  Depuis le début du XXe siècle, guerres, massacres, catastrophe naturelles, trop-plein de visiteurs, ont abîmé et parfois mis à terre un nombre impressionnant de monuments historiques.

Comme Mickey Rourke

Le plus souvent la règle est simple, on reconstruit à l’identique, comme par exemple, Mickey Rourke, à l’identique. Pas vraiment à l’identique, vous diront les spécialistes. La cathédrale de Nantes victimes d’un incendie en 1972 est reconstruite avec des poutres en bêton, pour la cathédrale de Reims, ça sera du plomb. Alors faut-il qu’à Notre-Dame on remplace exactement ce qui a brûlé au risque de faire toc ?  Il est rassurant de voir quelque chose qui ressemble à ce qu’on a toujours connu, quitte à savoir que ce n’est pas l’original. Bien sûr pour les architectes s’attaquer à un chef-d’œuvre du patrimoine de l’humanité, c’est comme pour un groupe de musique lorsqu’il reprend Hey Jude. On connaît par cœur, on veut entendre ce morceau comme on le connaît mais si quelqu’un arrive à vous surprendre avec sa version, ça vous étonnera d’autant plus. Un effet plus limité avec Elle me contrôle de M. Pokora. Reconstruire selon l’époque ce n’est pas faire n’importe quoi.

Si on suit les normes de notre époque, on mettrait Notre-Dame sous une énorme bulle flottant sur l’eau avec un rooftop géant reliant les deux tours, ça ne sera pas possible. Notamment à cause de la Charte de Venise. Document de préservation du patrimoine international stipulant comme but de "conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument" et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. En conséquence, elle rejette dans la mesure du possible les reconstitutions incertaines. Par exemple la Fenice à Venise a brûlé trois fois et a été reconstruite trois fois à l’identique. Comme le pont de Mostar emporté par la guerre en Bosnie. Vivre dans le souvenir ou tenter d’avancer grâce au souvenir ? Voilà une nouvelle discussion, on ne serait pas partis pour cinq ans de grand débat ?

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