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Français du monde. Sarajevo, année zéro

Vingt-six ans après le début du plus long siège de l'histoire de la guerre moderne, la capitale de Bosnie vient d'inaugurer son nouveau téléphérique.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pierre Courtin sur la terrasse de l'hôtel Europe à Sarajevo : "La plupart des artistes ici sont nés sous les bombes, ou juste après la guerre" (EMMANUEL LANGLOIS)

Le nouveau téléphérique de Sarajevo, c'est le dernier symbole reconstruit de la ville martyre. Voyeurs ou curieux, les touristes découvrent ce pays inattendu au cœur de l'Europe. Le Français Pierre Courtin y travaille avec des artistes à fleur de peau.

D'en haut du mont Trebevic, la vue est époustouflante sur Sarajevo, 600 mètres en contrebas

Pendant le siège de la ville, trois ans et demi de guerre, 11 000 morts, c'est de là que les Serbes tiraient. C'était encore la Yougoslavie. Pierre Courtin a débarqué ici au début des années 2000, via un  échange Erasmus.

"Je n'y croyais pas !, témoigne le Français, je suis arrivé à la gare des bus. Tout ce qu'il y avait autour était complètement détruit. La veille, je buvais tranquillement mon café à Paris. C'est un pays européen. On a l'étrange impression que ça peut nous arriver aussi."
Pierre Courtin a d'abord monté une galerie.

Sebilij, la place aux pigeons dans le centre de Sarajevo, avec une belle fontaine, le point de départ pour visiter toutes les ruelles avoisinantes. (EMMANUEL LANGLOIS)

Aujourd'hui, il accompagne à travers des salons d'art contemporain du monde entier cette nouvelle génération d'artistes bosniens qui crèvent l'écran.

"La plupart sont nés sous les bombes, ou juste après la guerre, explique Pierre Courtin. Ils ont grandi et évolué dans un pays en ruines, puis participé à sa reconstruction, et continuent culturellement. Ils ont beaucoup de questions autour de l'identité. La moitié de mes amis est de parents mixtes. Qu'est-ce qu'on fait quand on a un papa serbe et une maman bosniaque maintenant que tout est divisé ?"

Une rue piétonne du Bascarsija, le centre ancien restauré et ses maisons en bois ottomanes transformées en restaurants et boutiques de souvenirs  (EMMANUEL LANGLOIS)

Un quart de siècle plus tard, quelques touristes déambulent dans les rues piétonnes du centre de Sarajevo, au milieu des pigeons, des bars à narguilés et des restaurants halal. Partout en ville, à chaque coin de rue, un musée vous ramène à un devoir de mémoire.  

Les rives de la Miljacka, la rivière qui traverse Sarajevo. Plus de 20 ponts enjambent la rivière, dont un réalisé par Gustave Eiffel (EMMANUEL LANGLOIS)

Au milieu de nulle part 

Sur les trottoirs, les fleurs de Sarajevo ont poussé, écarlates.

Ce sont des obus qui ont laissé dans le sol des trous qui ressemblent à des fleurs. On les a remplies de goudron rouge

On ne manquera pas cet incroyable tunnel de 800 mètres, construit sous l'aéroport, et qui permettait aux habitants de fuir la guerre. Les Français ne sont encore qu'une poignée, 15 000 par an, à choisir de passer leurs vacances ici, en Bosnie-Herzégovine.

Un magasin de souvenirs dans le Bascarsija, le centre ancien de Sarajevo, au milieu des restaurants et des bars à chicha.  (EMMANUEL LANGLOIS)

"Ils ne viennent pas en voyeurs, plutôt en curieux", observe Helmut Gschwentner, directeur général du voyagiste "Visit Europe", qui propose des circuits et des séjours en Croatie et en Bosnie-Herzégovine.

"C'est exotique, ici en Europe, de trouver des lieux comme Mostar, Trebinje ou Sarajevo. La Bosnie, c'est compliqué à vendre seule, mais en combiné avec la Croatie ou Belgrade, ça fonctionne très bien. D'autant que Dubrovnik est saturée, comme Barcelone et Venise, à cause des bateaux de croisières. La Bosnie, c'est nous qui le proposons à nos clients en extension."

L'équipe de «Visit Europe» devant le célèbre pont de Mostar autour d'Helmut Gschwentner, directeur général du voyagiste : à gauche, Pascale Gaston, directrice opérationnelle, et à droite, Muriel Bougeard, directrice commerciale (EMMANUEL LANGLOIS)

Le pays pourrait bien saisir le coche de l'écotourisme, explique Pierre Courtin :

"Il y a une nature formidable, des montagnes magnifiques. C'est un équilibre entre les institutions culturelles, la mémoire, et des grandes balades pour vous rafraîchir la tête. A 20 minutes de voiture du centre-ville de Sarajevo, vous êtes au milieu de nulle part, dans un refuge sans électricité, à partager une soupe traditionnelle."

Les fleurs de Sarajevo : les obus, en explosant sur le bitume de la ville, ont créé des cratères aux nombreux éclats, qui évoquent les pétales d’une fleur. Au sortir de la guerre en 1996, des habitants remplirent ces impacts d’une résine rouge, jalonnant les trottoirs et la chaussée de ces roses rouge sang, en mémoire de la guerre. (EMMANUEL LANGLOIS)

C'est le moment où jamais de venir à Sarajevo. Un peu plus au sud, Mostar et son fameux pont détruit par des Croates, puis reconstruit, croule déjà sous les hordes de touristes et les marchands de souvenirs débarqués pour la journée de Dubrovnik, à 3 heures d'autocar.   

Lui écrire : duplex100m2@gmail.com   

la Vijecnica, hôtel de ville et bibliothèque, l’emblème traditionnel de Sarajevo, son bâtiment historique le plus représentatif détruit en 1992 et reconstruit après la guerre. Une architecture étonnante, une beauté surprenante, mérite sans aucun doute le détour, endroit tranquille (EMMANUEL LANGLOIS)

Aller plus loin

La galerie Duplex

Aller en Bosnie-Herzégovine avec Visit Europe, voyagiste autrichien, leader des circuits culturels dans toute l'Europe du Sud, de l'est et Centrale. Sa première destination est la Croatie avec 40 000 clients français chaque année qui réservent leurs différents circuits et croisières de la Dalmatie à l'Istrie.

Les circuits Croatie de Visit Europe proposent des extensions vers les pays voisins : l'Italie, le Monténégro et la Bosnie, notamment vers les villes de Sarajevo et Mostar auxquelles l'UNESCO a décerné son label patrimoine de l'Humanité. 

"Sniper Alley" : l'avenue principale de la ville. Appelée ainsi en raison du nombre de tireurs embusqués qui la prenaient pour cible depuis ces immeubles lors du siège de Sarajevo. (EMMANUEL LANGLOIS)

Séjourner à l'hôtel Europe 5* à Sarajevo, à quelques pas de la vieille ville ottomane. Le bâtiment historique de style austro-hongrois allie à la fois confort et élégance. L'hôtel dispose d'un café-restaurant viennois et d'un centre de spa et bien-être avec piscine intérieure, saunas, bains turcs, espace de relaxation et salle de fitness 

Retrouvez ce portrait dans le Journal des Français à l'étranger

La carte des JO d'hiver de Sarajevo (1984) superposée à celle du siège de la ville par les Serbes (1992 - 1995) (EMMANUEL LANGLOIS)

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