Royaume-Uni. Le scandale d'abus sexuels à la BBC en quatre actes
L'affaire a entraîné lundi la démission d'un responsable éditorial de la chaîne britannique et des critiques du Premier ministre, David Cameron.
ROYAUME-UNI - "C'est la pire crise dont je me souvienne en près de cinquante ans de carrière à la BBC." C'est ainsi qu'un journaliste vedette de l'audiovisuel public britannique, John Simpson, a commenté le scandale d'abus sexuels qui secoue la BBC depuis début octobre et qui vise son animateur star défunt, Jimmy Savile. Dernier épisode de l'affaire, la démission, lundi 22 octobre, d'un responsable éditorial du groupe, Peter Rippon. Francetv info déroule le fil.
Acte 1 : un documentaire à charge sur Jimmy Savile est déprogrammé
Deux mois après la mort de Jimmy Savile à l'âge de 84 ans, en octobre 2011, Peter Rippon, le rédacteur en chef de "Newsnight", une émission phare de la BBC Two, renonce à diffuser un documentaire. Ce dernier contient des témoignages de femmes accusant l'ancien animateur vedette de les avoir agressées sexuellement. Raison invoquée par la chaîne à l'époque : le manque de preuves.
Connu pour ses cheveux blond platine, ses costumes tape-à-l'œil et ses cigares, Jimmy Savile a animé l'émission pour enfants "Jim'll Fix It" et le célèbre show musical "Top of the Pops", devenant l'une des plus grandes stars télévisuelles des années 1970-1980. Il était aussi engagé dans des causes humanitaires, ce qui lui avait valu d'être anobli par la reine.
Acte 2 : l'affaire est révélée dans un autre documentaire diffusé par la chaîne privée ITV
Les accusations à l'encontre de Jimmy Savile sont finalement révélées par un autre documentaire diffusé le 3 octobre dernier sur la chaîne privée ITV. Il entraîne une cascade de témoignages de victimes présumées. Les agressions sexuelles dont le présentateur excentrique est accusé se seraient produites pendant une quarantaine d'années, pour certaines dans les locaux de la BBC.
Selon la police, qui a lancé une enquête, jusqu'à deux cents victimes, pour certaines mineures, pourraient être concernées par les agissements de Jimmy Savile.
Acte 3 : la BBC ouvre deux enquêtes internes
Deux enquêteurs indépendants sont désignés par la chaîne, le 16 octobre, pour faire la lumière sur le scandale. Janet Smith, une ancienne juge de la Haute Cour de justice, doit se pencher sur "la culture et les pratiques de la BBC". Elle devra notamment déterminer "à quel point le personnel de la BBC était au courant ou devaient être au courant de comportements illégaux" de l'animateur.
Nick Pollard, ancien directeur de la chaîne britannique Sky News, doit quant à lui éclaircir les raisons de la déprogrammation fin 2011 par la BBC du documentaire consacré à Savile. La BBC annonce par ailleurs qu'elle va nommer un expert indépendant chargé de revoir la politique du groupe en matière de harcèlement sexuel.
Acte 4 : un responsable de la BBC démissionne, le Premier ministre s'en mêle
La BBC reconnaît, lundi 22 octobre, que l'explication donnée sur son blog par Peter Rippon pour justifier le retrait du premier documentaire sur Jimmy Savile est "incorrecte ou incomplète à certains égards". La chaîne annonce que le rédacteur en chef de l'émission "Newsnight" quitte "son poste avec effet immédiat".
Cette décision intervient à la veille de l'audition devant une commission parlementaire du patron du groupe audiovisuel public, George Entwistle, et peu avant la diffusion d'une émission de la BBC One, "Panorama". La thèse développée dans cette émission est que le retrait du documentaire de "Newsnight" a été décidé après des pressions de la part de hauts dirigeants de la BBC.
"Les développements d'aujourd'hui sont préoccupants car la BBC a effectivement changé sa version des faits sur les raisons pour lesquelles elle a abandonné le documentaire de 'Newsnight' sur Jimmy Savile", a réagi David Cameron, le Premier ministre. Selon lui, "toute la nation est consternée, nous sommes tous consternés par les accusations sur les agissements de Jimmy Savile, qui semblent empirer chaque jour".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.