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Alimentation : "On accepte le sujet du manger moins de viande mais mieux, à condition de bien définir le mieux", explique la Fédération des éleveurs de bovins

Dans un rapport publié jeudi, le Réseau action climat a évalué l'ensemble des mesures mises en place par les grandes enseignes pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et notamment la place de la viande dans les rayons.
Article rédigé par franceinfo
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Une boucherie-charcuterie à Montbéliard (Doubs). Photo illustration. (LIONEL VADAM / MAXPPP)

"On est prêt à accepter le sujet du manger moins mais mieux, à condition qu'on ait bien défini le mieux", déclare Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale des éleveurs de bovins (FNB) sur franceinfo. Le Réseau action climat a publié jeudi 2 février une étude, épinglant les grandes surfaces sur le manque d'action pour une alimentation plus durable, et particulièrement au sujet de la viande présente dans les rayons. Le président de la FNB "partage globalement" l'analyse, et pointe la responsabilité des distributeurs.

franceinfo : Est-ce que vous faites le même constat que le Réseau action climat, à savoir que les commandes que peuvent vous faire la grande distribution n'ont pas tellement changé ?

Bruno Dufayet : Oui, globalement je partage cette analyse. Il y a des efforts qui ont été faits au travers de signes de qualité sur les cahiers des charges par exemple Label rouge. On a mis plus de normes de production, avec un objectif environnemental notamment, et de bien-être animal.

"On voit que malgré un plan de filière en 2017 où l'on annonçait une volonté d'avoir 30% de ces viandes dans les rayons de la distribution, on en est resté à 3%. Je pense que le consommateur est prêt à en acheter, encore faut-il qu'on lui propose en rayon."

Bruno Dufayet, président de la FNB

à franceinfo

C'est pour cela que ça peut vous déranger d'être ainsi pointé du doigt comme un frein à une alimentation durable, il est possible de mieux manger de la viande ?

Il est possible de manger moins mais mieux, ça c'est évident. Et d'ailleurs, aujourd'hui, en étant en congrès de la Fédération nationale bovine avec le ministre de l'Agriculture et c'est une demande forte qu'on porte au ministre, c'est de définir justement ce que c'est un élevage durable, de bien cadrer les choses. On est prêt à accepter le sujet du manger moins mais mieux, à condition qu'on ait bien défini le mieux et qu'il corresponde à un élevage intégrant tous les sujets d'aujourd'hui et notamment environnementaux.

Comment peut-on faire pour faire mieux ?

En fait, on utilise très peu de soja importé d'Amérique du Sud. À 80% l'alimentation de nos vaches en France est issue de l'herbe et ensuite les 20% restants sont pour une très grande partie issue de céréales. Donc c'est justement déjà de conserver ce modèle herbager parce qu'on pourrait avoir une vraie dérive. Aujourd'hui, ce modèle est en train de disparaître et on a perdu 800 000 vaches en France. On a perdu un quart de nos éleveurs, et donc la viande qu'on ne produit plus avec ce modèle herbager est remplacée par des viandes importées sans savoir comment elles ont été produites. Du coup, l'impact sur la planète de ces viandes, personne ne le maîtrise. Donc en réalité, les mauvais élèves que l'on retrouve aujourd'hui dans les rayons des supermarchés, ils ne sont pas français.

Etes-vous favorable à ce que les clients soient mieux informés sur l'impact environnemental de la viande ?

J'y suis favorable, à condition là aussi d'utiliser la bonne méthode d'évaluation. Aujourd'hui, il y a un sujet sur l'affichage environnemental qui est porté par le gouvernement français. C'est une méthode d'évaluation qui finalement serait très contreproductive. On pourrait avoir un système ultra intensif d'Amérique du Nord mieux noté qu'un système herbager sur les plateaux de l'Aubrac par exemple.

On peut aussi faire quelque chose pour nos élevages ici en France ?

Il y a un vrai sujet d'adaptation au réchauffement climatique On doit encore améliorer ces grands principes d'autonomie. Autonomes en termes de capacité fourragère pour alimenter son troupeau, mais aussi autonome en termes de fertilisation de ses parcelles en utilisant justement les déjections animales et la fertilisation organique. On y travaille. On a élaboré un diagnostic, qui évalue la performance environnementale de la ferme. Ensuite, on met en place un plan d'action pour améliorer encore les pratiques des éleveurs pour diminuer cet impact sur le réchauffement climatique.

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