Consommation : "Les deux tiers de l'inflation alimentaire trouvent leur origine dans des profits excessifs", lance l'association Familles Rurales

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Article rédigé par franceinfo
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Des associations de consommateurs interpellent mercredi le chef de l'État et réclament plus de "transparence" sur les marges réalisées par les industriels de l'agroalimentaire et la grande distribution. "Les profits n'ont jamais été aussi importants", note Familles Rurales.

Quatre associations de défense des consommateurs, Foodwatch, Familles Rurales, l’UFC-Que Choisir et la CLCV envoient mercredi 29 novembre une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron. Elles demandent notamment au chef de l'État une "transparence totale et immédiate sur les marges nettes par produits réalisées par les géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution", comme l'explique Nadia Ziane, directrice du département consommation de l'association Familles Rurales, sur franceinfo.

franceinfo : Emmanuel Macron s'était engagé "personnellement" en septembre à mettre en place un accord sur la "modération des marges" pour les grands industriels de l'agroalimentaire. On en est loin ?

Nadia Ziane : Absolument, on en est très loin. En fait, c'est assez factuel. On a pris les chiffres de l'Insee, les publications des gros groupes, ceux de l'Observatoire de la formation et des prix et des marges et ils sont tous concordants avec nos propres études, ils démontrent des profits excessifs. C'est qualifié par l'Autorité de la concurrence elle-même, qui nous dit que les deux tiers de l'inflation alimentaire trouvent leur origine dans des profits excessifs, des industriels de l'agroalimentaire notamment. Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'un Français sur deux renonce à certains aliments faute de moyens suffisants et qu'un Français sur trois, en est carrément à sauter des repas. Quand dans le même temps, on a ces profits excessifs, assez logiquement, on attend l'intervention du chef de l'État.

Vous demandez aussi de rendre impossible les marges excessives sur les produits alimentaires essentiels (fruits, légumes,...) ?

La grande distribution fait des bénéfices importants. Sur le rayon des fruits et légumes, c'est 247 millions d'euros en 2021 et elle comble le déficit d'autres rayons comme celui de la pâtisserie, soit 65 millions d'euros par an, avec les bénéfices réalisés sur les fruits et légumes. Nous, on dit c'est pas logique. On dit à un moment donné nos producteurs souffrent, nos consommateurs n'ont plus accès à ces produits essentiels pour leur santé. Et dans le même temps, la grande distribution réalise des profits importants. Donc, rétablissons un espèce d'équilibre dans tout ça, rationalisant les choses et amenons chacun à pouvoir consommer les produits dont il a besoin pour être en bonne santé.

L'Association nationale des industries alimentaires se défend de tout abus, expliquant que les prix des matières premières agricoles ont augmenté de 58 % depuis 2020, l'énergie 59 % depuis 2020, les emballages 42 %. Autrement dit, ces hausses de prix, elles ne sont pas là par hasard, vous les accusez d'avoir profité de la situation ?

On ne nie pas que certains coûts de production aient augmenté. Mais le jour où on saura combien coûte un aliment à produire, combien prend chaque échelon dans la chaîne et combien le consommateur paye le prix final, ça nous ira et là, on pourra croire l'ANIA sur le fait qu'il n'y ait pas de profits excessifs. Encore une fois, dans les chiffres officiels dont on dispose aujourd'hui, ce dont on se rend compte c'est que les profits n'ont jamais été aussi importants dans l'industrie agroalimentaire et que les marges de manœuvre sont possibles si, et seulement si les industriels s'en mettent un peu moins dans les poches. On est dans la droite ligne du propos du président de la République qui dit 'Si je m'aperçois que des gens profitent de la crise, j'interviens pour obtenir un accord'.

"20 % d'augmentation sur les prix de l'alimentation en deux ans, c'est impossible à absorber pour certains budgets"

Nadia Ziane, de Familles Rurales

à franceinfo

Donc on cherche à ce que les informations nous soient données, que l'opacité cesse. Si on venait à se rendre compte quand la transparence est totale, qu'on se trompe, on s'excusera. Mais pour l'instant c'est factuel, on a des profits excessifs, toutes les autorités le disent. Donc il faut revoir ses marges qui sont plombantes et pour les consommateurs et pour les producteurs français.

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