Gluten, lactose, fruits à coque : vis ma vie pleine d'allergies alimentaires
Le Salon des allergies alimentaires et des "produits sans" a lieu à Paris du 8 au 10 avril.
Les allergies alimentaires touchent de plus en plus de Français. De 2010 à 2015, les cas ont doublé, d'après l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), citée dans Le Figaro. Et même si l'offre alimentaire "sans allergènes" se développe, les personnes atteintes voient souvent leur vie bouleversée à l'annonce du diagnostic. Quelles sont donc les difficultés rencontrées au quotidien ? Francetv info a rencontré ces adeptes forcés du soja et de la farine de riz au Salon des allergies alimentaires et des "produits sans", qui se déroule à Paris du 8 au 10 avril.
Rébecca : "Les allergies obligent aussi à manger plus sainement"
Cookies, croissants ou gâteaux, Rébecca connaît parfaitement toutes ces recettes. Cette pâtissière de formation a monté, il y a quelques années, sa propre boutique à Metz. Et puis elle a appris qu’elle était allergique au lait et intolérante au gluten. “Au début, c’était très frustrant, surtout avec mon métier”, se souvient-elle. Elle a donc décidé de lancer sa gamme de pâtisseries sans lactose et sans gluten, puis de transformer toute son enseigne en petit paradis pour allergiques. “Les allergies ont des conséquences sur votre quotidien, mais elles obligent aussi à manger plus sainement”, revendique-t-elle. Pendant deux ans, elle a donc élaboré diverses recettes. “J’ai dû réapprendre le métier, inventer des techniques, réapprivoiser les matières premières”, relate la jeune femme de 28 ans, qui parle d’un réel challenge professionnel et personnel. Pour elle, fini les farines habituelles et les viennoiseries au beurre, place à la farine de riz et à la crème de coco.
Dernier essai en date : les croissants. “Au départ, c’était une horreur. Après deux mois, je pense pouvoir dire qu’ils sont aussi bons que les croissants classiques !” avance Rébecca, ravie de pouvoir enfin goûter à ses réalisations. D’après la jeune pâtissière, la demande est bel et bien présente. “Depuis que je fais du pain sans gluten, j’en vends bien plus qu’avant”, se réjouit-elle.
Alexia et Cédric : "L'addition, à la fin des courses, est 10 à 15% plus élevée qu'avant"
“Quand elle avait 2 ans, notre fille Anaë a arrêté de grandir.” Prises de sang, biopsie… Alexia et Cédric ont dû accompagner leur petite fille à travers de nombreux examens. Les médecins ont finalement diagnostiqué une maladie cœliaque, c’est-à-dire une forte intolérance au gluten, aliment qui vient dans ce cas-là stopper la croissance de l'enfant.
“Depuis qu’elle a complètement arrêté le gluten, elle a recommencé à grandir normalement”, raconte sa mère. Mais éviter toute trace de gluten n’est pas chose facile. “En France, l’offre n’est pas encore très développée. On jongle entre les magasins spécialisés, les quelques rayons de supermarchés qui proposent des solutions et les sites internet”, décrit Cédric. Un vrai budget pour le couple, qui a lui aussi décidé d’arrêter le gluten pour ne pas prendre de risque. “L'addition, à la fin des courses, est 10 à 15% plus élevée qu'avant. Les produits spécialisés sans gluten sont trois fois plus chers que la normale”, détaille-t-il.
Emilie : "Je suis devenue un peu parano"
Au Salon des allergies alimentaires et des "produits sans", Emilie se balade entre les allées et pose des questions aux exposants. Sur son dos, Vera, 17 mois, allergique aux pistaches et aux noix de cajou. Ses parents le savent depuis trois semaines. “Dans des pâtes au pesto, ils avaient remplacé les pignons de pin par des noix de cajou. Elle a eu des boutons autour de la bouche et, après les tests, on a su”, raconte Emilie, qui a elle aussi arrêté ces aliments pour allaiter son bébé. Depuis qu’elle a appris l’allergie de sa fille, la jeune maman de 30 ans a toujours sur elle trousse de secours et antihistaminiques. “Je suis devenue un peu parano, confie-t-elle. Dès qu’elle se gratte, j’ai peur et j’appelle l’allergologue.” Elle a décidé de créer un groupe Facebook pour partager conseils et recettes. Grâce aux échanges, elle a appris à cuisiner ses propres biscuits apéritif et ses chips, sans aucune trace de pistache ni de noix de cajou.
Céline-Sophie : "Les marques manquent de courage"
“Après trente-trois ans de douleurs et de maux de ventre, j’ai appris il y a un an que j’étais intolérante au gluten, allergique au sésame et au céleri.” Depuis quelques mois, Céline-Sophie est devenue une habituée des salons. Elle fait d’ailleurs partie de l’Association française des intolérants au gluten. Si, grâce au diagnostic, elle a “retrouvé une vie normale et sans douleur”, ses allergies ont complètement changé son quotidien. “Quand je vais faire mes courses, il faut prévoir un vrai créneau maintenant, pour décrypter toutes les étiquettes des produits, explique-t-elle. Et il est impossible de sortir sans prévoir à manger. C’est pas comme si on pouvait s’arrêter à la première boulangerie et prendre un sandwich.”
Elle s’est pourtant vite habituée au rythme. Dans un carnet, elle recense désormais toutes les marques qui lui conviennent. Des produits rares, à cause du“manque de courage des marques”. “Sur chaque étiquette, les entreprises inscrivent 'Traces possibles de lait, de gluten…' parce que d’autres produits en contenant sont fabriqués sur les mêmes chaînes”, explique Céline-Sophie. Une manie qui énerve cette trentenaire. “Cela nous prive de beaucoup d’aliments. Il suffirait que les ateliers soient séparés ! Si c’est le premier produit à y passer, on prend toutes les traces et on est malade, et si c’est le dernier, il n’y a aucune trace et on aurait pu en manger”, regrette-t-elle.
Elsa : "Au restaurant, soit on fait un écart, soit on ne mange rien"
Fanny ne supporte aucune forme de protéines depuis l’âge de 10 ans. Un régime très strict s’impose donc, avec des aliments pour la plupart achetés en pharmacie. Comme si, dans la famille, le choix du menu n’était pas déjà assez compliqué, son aînée a développé une allergie au gluten depuis 2011. “Cela bouleverse le quotidien. Il faut reconstruire toute une alimentation”, décrit Elsa. Cette Parisienne de 29 ans avait l’habitude de sortir le soir entre amis. “Maintenant, manger au restaurant, c'est devenu vraiment compliqué. On doit demander au serveur ce que contient chaque plat. Et soit on fait un écart, et on le regrette après, soit on ne mange pratiquement rien”, raconte-t-elle. Elle a donc listé les établissements qui proposent des produits sans gluten : “J’ai fait ma petite carte de Paris avec les lieux et les supermarchés spécialisés. Quand j’y vais, ils me connaissent maintenant.”
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