Les prix des fruits et les légumes explosent : "Bien manger devient un luxe", alerte Familles Rurales
"C'est un enjeu de santé publique. Il ne doit plus être question seulement de soigner les pathologies inhérentes à la malbouffe mais de les éviter", appelle l'association qui demande au gouvernement un chèque alimentation à l'instar du chèque énergie.
Le prix des fruits et légumes a augmenté de 9% en deux ans, révèle Familles Rurales dans son 15e Observatoire des prix de grande consommation, qui rappelle qu'il y a eu 2% d'inflation en 2 ans. Les prévisions de la troisième association de défense des consommateurs et premier mouvement familial sont préoccupantes pour 2022. Il est donc nécessaire de consacrer un chèque "fruits et légumes" pour ne pas détourner les familles aux budgets les plus modestes de ces aliments "bons pour la santé".
Familles Rurales propose de déployer un plan national autour du "manger mieux" avec des messages de prévention santé, de lutte contre le gaspillage alimentaire et d'octroyer un chèque mensuel d’un montant de 37,50€ par personne aux familles qui n’auront pas les moyens d’acquérir des fruits et légumes (qui représentent à eux seuls le tiers des dépenses).
Un panier bio pour quatre : 1 148€/mois
Le Plan national nutrition santé(PNNS) recommande de manger au moins cinq portions de fruits et légumes soit au minimum 400 grammes par jour et par personne. Selon Familles Rurales, le prix moyen mensuel d'un panier "varié" pour une famille de quatre personnes s’élève à 450€ par mois avec une moindre variété de produits, à 696€ pour les premiers prix, 765€ pour les marques nationales, à 1 148€ par mois pour un panier composé de produits bio avec une plus grande variété de produits, soit entre 36% et 93% d’un SMIC net mensuel avant impôt (1237,51€) quand on varie moins les produits, tout en respectant le PNNS et le cycle des saisons.
Les prix s’envolent en Outre-mer, le même panier de produits y coûte près de 50% plus cher qu’en métropole, soit 1 068€ en conventionnel et 1 719€ en bio, soit respectivement près de 86% et 139% d’un SMIC net mensuel. "Bien manger devient un luxe pour certaines familles", déplore sur franceinfo Nadia Ziane, juriste et directrice du département Consommation à la fédération nationale de Familles Rurales.
Il est important d'adopter les bons réflexes compte tenu du "contexte inflationniste", insiste Famille Rurales. "Outre la prévention des maladies inhérentes à une alimentation inadaptée, il doit également être question de revoir nos mauvaises pratiques : gaspillage, suremballage, distances parcourues par certains produits…"
Familles rurales souhaite sensibiliser toutes les familles, même celles aux revenus plus importants : "Je ne suis pas sûr que chacun d'entre nous mesure les impacts de ce qu'on met dans nos assiettes en matière de santé", craint Nadia Ziane. Il faut, selon elle, "d’abord, sensibiliser l'ensemble des familles à avoir une alimentation saine et aider celles qui ne pourront pas le faire, faute de moyens à pouvoir y accéder".
Un enjeu de santé publique
Les pouvoirs publics doivent intervenir, estime Familles Rurales. Dans le cas contraire "des centaines de milliers d’entre elles" vont être touchées et auront du mal à respecter les recommandations prescrites par le PNNS (Plan National Nutrition Santé). Actuellement "en France, 90% des enfants et près de 70% des adultes ne suivent pas ces préconisations. Il est impératif de mieux accompagner les familles. "C'est un enjeu de santé publique. Il ne doit plus être question seulement de 'soigner' les pathologies inhérentes à la 'malbouffe' mais de les éviter."
"Dès lors que vous rajoutez une portion de fruits et de légumes dans vos assiettes, vous éloignez de 4% le risque de maladies cardio-vasculaires."
Nadia Ziane de Familles Ruralesà franceinfo
"C’est aujourd'hui l'État qui assume les conséquences d'une mauvaise alimentation", insiste la juriste. En France, 17% de la population est en situation d’obésité, quatre millions de personnes souffrent de maladies cardiovasculaires et 3,2 millions de diabète. "Pour soigner ces deux seules dernières pathologies dont il est scientifiquement établi que notre alimentation joue potentiellement un rôle dans leur développement, l’assurance maladie a dépensé 21 milliards d’euros rien qu’en 2017."
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