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Non, l'Union européenne n'a pas interdit la viande de kebab

Les additifs chimiques Ă  base de phosphate vont officiellement ĂȘtre autorisĂ©s dans la viande de kebab vendue dans l'Union europĂ©enne. Autour de ce vote, Ă©lus et mĂ©dias ont affirmĂ©, Ă  tort, que l'Union europĂ©enne allait interdire les kebabs. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Un employĂ© dĂ©coupe de la viande de kebab, Ă  Paris, le 13 septembre 2013.  (THOMAS SAMSON / AFP)

De nombreux internautes se sont émus : l'Union européenne va-t-elle interdire le kebab ? Des élus et des médias ont relayé une polémique laissant entendre la disparition de la viande de kebab telle que nous la connaissons. Mais, en réalité, le kebab n'est pas menacé. Franceinfo revient aux origines de la polémique.

Haro sur les additifs phosphatés

DĂ©but dĂ©cembre, la commission santĂ© du Parlement europĂ©en refuse d'autoriser les additifs chimiques Ă  base de phosphate dans les "broches verticales" de viande congelĂ©e rĂŽties dans les restaurants de kebab. Dans les faits, nombre d'Ă©tablissements les utilisent dĂ©jĂ , mĂȘme si les textes europĂ©ens ne l'autorisaient pas jusqu'Ă  prĂ©sent. L'initiative de l'exĂ©cutif europĂ©en visait donc Ă  rĂ©gulariser la situation existante. Toutefois, ils sont soupçonnĂ©s d’augmenter les risques de pathologies cardiovasculaires.

Ces additifs sont "nécessaires pour lier entre eux les morceaux de viande, pour les rendre plus homogÚnes lors de la congélation, et pour prévenir le risque qu'il reste des morceaux crus ou brûlés", ce qui serait dommageable en termes de goût, a fait valoir le commissaire européen chargé de la sécurité alimentaire, pour qui il n'existe aucune alternative à ces produits.

Emballement des élus et des médias

Avant le vote en commission, le branle-bas de combat commence sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dias. Renate Sommer, eurodĂ©putĂ©e allemande publie un message alarmant sur sa page Facebook, relĂšve Euractiv.fr. "Une interdiction de l’ajout de phosphates mettrait fin Ă  la production de broches car il n’y a pas encore de solutions techniques pour stabiliser les broches. Cela entraĂźnerait la perte de milliers d’emplois", alerte l'Ă©lue conservatrice. "Ce que vous faites, c’est semer la panique Ă  la puissance dix. On peut produire du döner kebab sans phosphates", a rĂ©pliquĂ© sa compatriote sociale-dĂ©mocrate Susanne Melior.

Mais plusieurs mĂ©dias allemands donnent alors un large Ă©cho à cette initiative anti-phosphates, parfois en la dĂ©formant : le 29 novembre, le tabloĂŻd allemand Bild (en allemand) affirme, Ă  tort, que le Parlement europĂ©en s'apprĂȘte Ă  interdire les kebab. Le 1er dĂ©cembre, le Guardian (en anglais) s'alarme : "Le nouveau coup de l’UE sur la viande de kebab pourrait forcer le döner Ă  faire ses adieux". Selon le quotidien britannique, 200 000 emplois sont menacĂ©s en Europe. Toutefois, "de nombreux fournisseurs proposent d’ores et dĂ©jĂ  une viande sans phosphates : les jours du kebab ne sont dont aucunement en danger", note Le Monde.

Un vote qui ne change rien, pour le moment

Finalement, le 13 dĂ©cembre, les eurodĂ©putĂ©s rĂ©unis en cession plĂ©niĂšre ont donnĂ© leur feu vert - de justesse - Ă  la poursuite de l’utilisation des phosphates dans la viande de kebab. Le dĂ©bat qui a prĂ©cĂ©dĂ© le vote parlementaire a ravivĂ© les passions entre les tenants du rĂ©alisme industriel et ceux du principe de prĂ©caution, "qui veut qu’un produit soit interdit s’il existe un doute sĂ©rieux sur sa dangerositĂ©", souligne Euractiv.

Pour l'eurodĂ©putĂ©e Susanne Melior, l'autorisation dĂ©livrĂ©e par la Commission europĂ©enne est "prĂ©cipitĂ©e et inutile". Selon elle, il aurait Ă©tĂ© plus judicieux d'attendre que l'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des allemands (EFSA) rende publique, en principe dans un an, sa nouvelle Ă©valuation de l'Ă©ventuelle nocivitĂ© des phosphates. MĂȘme regret de la part du Bureau europĂ©en des unions de consommateurs : le vote du Parlement europĂ©en est une "mauvaise nouvelle", car "il y a des inquiĂ©tudes quant Ă  l'impact des additifs phosphatĂ©s sur la santĂ©", a estimĂ© sa directrice gĂ©nĂ©rale, Monique Goyens.

La victoire des partisans du phosphate dans le kebab pourrait toutefois n’ĂȘtre qu’un sursis. L’AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments doit rĂ©Ă©valuer d’ici fin 2018 l’utilisation des phosphates comme additifs alimentaires Ă  la demande de la Commission europĂ©enne.

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