On vous explique ce qu’est le dioxyde de titane, cet additif qui blanchit les bonbons et que le gouvernement veut bannir
Cet additif, utilisé surtout comme pigment blanc, est présent partout, de nos assiettes aux peintures de nos chambres. Dans l'alimentation, il est présent sous forme de nanoparticules et entre dans la composition de nombreux produits sous le nom E171.
Bonbons, gâteaux, chewing-gums… Le gouvernement va demander la suspension "avant la fin de l'année" de l'utilisation du dioxyde de titane, présent sous forme de nanoparticules dans les produits alimentaires, annonce vendredi 18 mai la secrétaire d'Etat Brune Poirson au Parisien. Mais de quoi s'agit-il exactement ?
Le dioxyde de titane, c'est quoi ?
Le dioxyde de titane (TiO2) est un additif minéral, composé d'oxygène et de titane. Il permet notamment de blanchir, d'opacifier et de faire briller des préparations. Mais il est également connu pour sa capacité à absorber les rayons UV.
On le trouve où ?
L'alimentation. Le dioxyde de titane est surtout utilisé comme colorant blanc, sous le nom de E171. Il sert par exemple dans l'enrobage des bonbons et de la plupart des chewing-gums. L'association Agir pour l'environnement liste sur son site les produits alimentaires pouvant contenir des nanoparticules, dont le dioxyde de titane : des confiseries (M&M's, Skittles), des gâteaux (biscuits Delacre, Napolitain de LU). Ce n'est pas tout. Le dioxyde de titane a aussi été repéré dans des glaces, des plats préparés (raviolis en conserve, soupes…), des gâteaux apéritifs, des assortiments de chocolats, des sauces. Le site Open Food Facts compte près de 1000 produits concernés, même s'ils ne sont pas tous vendus en France.
Les médicaments. Le dioxyde de titane est aussi présent dans des médicaments très consommés, comme le Doliprane, l'Efferalgan, le Spasfon, le Zyrtecset ou le Nurofen. Une étude de l'UFC-Que Choisir a montré que 4 000 médicaments en contiennent. Il n'y joue pas de rôle thérapeutique. Il s'agit d'un excipient, qui contribue uniquement à la forme du médicament.
Les cosmétiques. C'est un peu grâce au dioxyde de titane que les dentifrices sont si blancs. Aussi, il apparaît dans la composition de nombreuses crèmes solaires, y compris bio, pour ses propriétés anti-UV. En outre, une crème solaire contenant des nanoparticules de dioxyde de titane sera plus transparente qu'une crème "classique", ce qui évite les dépôts blancs sur la peau. Un bon argument de vente.
Les matériaux de construction. Dans le bâtiment, c'est le "blanc parfait". Il constitue, selon l'association des producteurs de dioxyde de titane, "la base de la plupart des couleurs de peinture". Ses autres propriétés en font un composant très prisé dans la construction : fenêtres, tuiles, ciments…
Pourquoi c'est dangereux ?
C'est surtout lorsqu'il se présente sous forme de nanoparticules qu'il est considéré comme dangereux. Une substance a priori inoffensive peut devenir toxique si elle est utilisée en quantité infime, comme dans les nanomatériaux, explique l'Anses. Car à taille réduite, les particules développent de nouvelles propriétés physico-chimiques. Ces nanoparticules sont par exemple si petites qu'elles peuvent franchir nos barrières physiologiques et ainsi passer d'un organe à l'autre et jusque dans le sang. Or, si l'additif E171 est signalé sur les emballages alimentaires et cosmétiques, il n'est jamais précisé qu'il s'agit de nanoparticules.
En 2006, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le TiO2 comme "cancérigène possible pour l'homme" lorsqu'il est inhalé. "Un danger qui guette surtout les employés des sites de production de cette substance", précise Le Monde.
Une étude menée sur des rats par des chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et publiée début 2017 dans la revue Scientific Reports (en anglais), mettait à nouveau en évidence l'effet néfaste pour le système immunitaire, mais aussi possiblement cancérigène, du dioxyde de titane. Ingérée, cette substance favorisait la croissance des cellules précancéreuses du côlon, selon cette même étude, dont les résultats ne sont toutefois pas immédiatement transposables à l'humain.
Que propose le gouvernement ?
Le gouvernement va demander la suspension "avant la fin de l'année" de l'utilisation du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dans les produits alimentaires. Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, doit annoncer officiellement cette décision, vendredi après-midi, lors d'une visite à l'usine de confiserie Verquin à Tourcoing (Nord).
L'association Agir pour l'environnement salue a décision du gouvernement, mais appelle "à élargir cette interdiction aux médicaments et cosmétiques". "Le peu d'évaluations effectuées en amont de la mise sur le marché des nanoparticules de dioxyde de titane, ainsi que les nouvelles études apportant la preuve de la toxicité du TiO2, plaident pour une interdiction de l'ensemble des produits auxquels sont exposés la population par différents biais (ingestion, voie cutanée, inhalation)", écrit l'association , dans son communiqué.
Alors comment l'éviter ?
Beaucoup de fabricants l'ont déjà éliminé. Rassurez-vous un peu, nombre d'entreprises ont déjà supprimé l'additif, ou se sont engagés à le faire progressivement. Haribo certifie l'avoir supprimé, tout comme Verquin, qui produit les bonbons Têtes brûlées, ou William Saurin, qui l'a éliminé de ses plats préparés. Malabar, Carrefour, Super U, Leclerc, Carambar, Lutti, Picard, ont entamé le même processus.
Surveillez la mention "E171". Vous pouvez tout de suite arrêter de mâcher des chewing-gums sous forme de dragées, la plupart en contiennent toujours. Pour le reste, guettez la mention "E171" dans les listes d'ingrédients des produits que vous consommez régulièrement.
Cherchez aussi la mention "nano". C'est valable pour les autres nanoparticules aussi. L'étiquetage "nano" est en principe obligatoire, mais rarement respecté. Cela pourrait finir par arriver quand même.
Consultez les listes de produits concernés. Sur Open Food Facts, le site d'Agir pour l'environnement, ou encore l'application Yuka... Si la présence de dioxyde de titane n'est pas clairement indiquée, vous pourrez le repérer, même pendant que vous faites vos courses.
N'arrêtez pas vos traitements, mais... C'est un conseil de 60 Millions de consommateurs, quant à la présence de TiO2 dans certains médicaments. Il serait imprudent d'interrompre un traitement à cause de la présence de E171. En revanche, des équivalents sans nanoparticules existent parfois, parmi les génériques, par exemple.
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