On vous explique pourquoi il est déconseillé de consommer des œufs de poulaillers domestiques de plus de 400 communes d'Ile-de-France

L'Agence régionale de santé a maintenu lundi, pour l'ensemble de l'agglomération parisienne, sa recommandation émise en avril. En cause : une "contamination" à des "polluants organiques persistants" dont les effets peuvent être néfastes pour la santé.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France recommande aux populations vivant à Paris et dans 400 communes de l'agglomération de ne pas consommer les œufs issus de poulaillers domestiques. (AURELIEN MORISSARD / IP3 PRESS / MAXPPP)

Une consommation qu'il faut bel et bien éviter. En Ile-de-France, l'Agence régionale de santé (ARS) a maintenu, lundi 20 novembre, sa recommandation de ne pas manger les œufs des poulaillers domestiques dans 410 communes de l'agglomération parisienne (dont Paris, l'ensemble des communes de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne, certaines communes de Seine-et-Marne, des Yvelines, d'Essonne et du Val-d'Oise).

En cause, selon l'étude définitive de l'ARS : une "contamination ubiquitaire [généralisée] des sols et des œufs de poules d'élevages domestiques à Paris et dans les départements de la petite couronne par les polluants organiques persistants [les POP]" comme les dioxines, les furanes, les polychlorobiphényles, ainsi que les substances per- et polyfluoroalkylées (appelées Pfas ou "polluants éternels"), détaille l'agence dans un communiqué.

En ce qui concerne les élevages professionnels, qui font l'objet de contrôles à part, l'ARS affirme qu'"aucune non-conformité" n'a été relevée "depuis cinq ans". Le nombre de contrôles a par ailleurs augmenté depuis début 2023.

Un risque accru pour les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes

Quels sont les risques pour ceux ou celles qui mangent des œufs issus de poulaillers domestiques ? Selon l'ARS, qui avait émis cette recommandation à titre conservatoire en avril, la consommation régulière, "plusieurs fois par semaine et pendant plusieurs années", entraîne "un potentiel effet perturbateur endocrinien pouvant initier des maladies chroniques et agir sur le développement des fonctions reproductives et immunitaires".

Et à long terme, cette exposition peut augmenter "le risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, d'effets métaboliques comme le diabète par exemple et des effets perturbateurs endocriniens", détaille l'ARS auprès du Parisien. D'ailleurs, si cette consommation est à risque pour l'ensemble de la population, elle est particulièrement déconseillée pour les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants, qui "représentent la population la plus sensible, y compris au cours du développement fœtal"

Cette recommandation définitive de l'ARS fait suite à des analyses menées par l'agence de santé sur 25 poulaillers volontaires, dont quatorze situés à proximité des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris (Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux, Saint-Ouen) et onze autres qui en sont éloignés.

Une qualité des sols identique pour toute l'agglomération

L'étude de l'ARS a fait suite à une autre étude, publiée en février 2022 par la fondation ToxicoWatch. Cette ONG néerlandaise spécialisée dans l'analyse toxicologique des polluants avait mis en évidence des taux de toxines très élevés provenant de poulaillers domestiques proches de l'incinérateur d'ordures ménagères d'Ivry-Paris 13, situé entre le 13e arrondissement de la capitale et Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) relève ainsi qu'en "termes d'émissions de dioxines dans l'environnement, les pires fauteurs de pollution sont les incinérateurs non contrôlés de déchets (déchets solides et déchets des hôpitaux), en raison des combustions incomplètes". Or, l'exposition chronique aux dioxines a été classée comme "cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence de l'OMS. "En revanche, elle n'altère pas le patrimoine génétique et, en deçà d'un certain niveau d'exposition, le risque cancérogène serait négligeable", précise le Circ. 

L'ARS précise au Parisien que l'étude menée ces derniers mois "ne conclut pas à une surexposition à proximité des incinérateurs", mais "que la qualité des sols est similaire sur l'ensemble" des 410 communes de l'agglomération parisienne où il est recommandé de ne pas consommer les œufs des poulaillers domestiques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.