: Reportage Bienvenue chez "Jungle", la plus grande ferme verticale de France
Les fermes verticales sont parfois considérées comme une solution d'avenir pour nourrir la planète. Dans les étages de ces hangars, les plantes poussent sans terre et sans un rayon de soleil.
Un salon international se tient les 13 et 14 septembre à Dubaï, consacré à cette agriculture un brin futuriste, mais déjà bien réelle en France. Dans l'Aisne, à Château-Thierry, l'entreprise Jungle abrite la plus grande ferme verticale de France.
>> C'est mon boulot, pour une transition écologique. "Jungle" construit des fermes verticales.
Quand les champs deviennent des hangars
De vastes plateaux de plants de basilic ou de coriandre s'empilent sur dix étages. "Là, nous sommes dans l'un de nos modules de production : 45 m2 au sol, pour 320 m2 de culture", décrit Nicolas Séguy, co-fondateur et directeur général de Jungle. Ici, pas de champs mais un hangar hyper-contrôlé de neuf mètres de haut, car chez Jungle, on cultive sans terre, via l'hydroponie : une technique d'irrigation qui mêle eau et nutriments.
"On n'a rien inventé ! On a simplement modernisé cette méthode vieille comme le monde grâce aux technologies"
Nicolas Séguy, co-fondateur de Jungleà franceinfo
Entre les quatre murs du bâtiment, pas un rayon de soleil non plus, mais des leds horticoles. Elles diffusent une lumière violette, dosée en fonction des besoins de chaque plante. Des caméras, situées en hauteur, contrôlent les étapes de la pousse, tandis qu'un robot installe puis retire chaque parcelle de cette pyramide agricole. "Nous, on se définit vraiment comme un 'cultivateur industriel', même si ça peut sembler antinomique", résume Nicolas Séguy. Les graines sont semées pour germination au sein de ce même entrepôt, où travaille une trentaine de salariés.
10 fois plus de rendement que l'agriculture conventionnelle
Un petit tiers de ce que Jungle produit ici est destiné à l'industrie cosmétique. La majorité de la production est destinée à l'alimentaire. De jeunes pousses de salade, mais surtout des herbes aromatiques avec une productivité parfaitement régulière toute l'année. Et en cela, au moins dix fois supérieure à l'agriculture conventionnelle.
Dans les régions les plus gâtées par le soleil, c'est-à-dire essentiellement en région PACA, on doit être entre 3,5 et 5 récoltes par an. Nous, ici - sur le basilic, la coriandre, le persil -, on est sur 15 récoltes par an !
Nicolas Séguy, co-fondateur de Jungleà franceinfo
Le tout, sans aucun pesticide ! Pour circuler dans ce hangar, il faut d'ailleurs porter des vêtements de protection et traverser de nombreux sas pour éviter de laisser passer un insecte.
Des fermes moins gourmandes que les serres agricoles ?
"Là, vous êtes dans la partie conditionnement, avec Alex qui fait les étiquettes : là, ça part vers Grand Frais", poursuit l'agriculteur 2.0. Pour la grande distribution, Monoprix passe également déjà commande chez Jungle. Le marché de Rungis, aussi, sans compter les acteurs de l'industrie cosmétique. Pourtant, avec toutes ces leds allumées 16 heures par jour, la technique interroge.
>> Agriculture : les fermes verticales, moins consommatrices d'eau, mais plus énergivores
Nicolas Séguy nuance : "on consommera toujours plus d'énergie dans une ferme verticale qu'en plein champ, bien entendu. Mais si on divise la consommation énergétique par le volume en poids de matière végétale qu'on produit, on est déjà plus efficace que la majorité des serristes", affirme le co-fondateur. Pas de quoi régler la question de la souveraineté alimentaire dans l'immédiat, reconnaît la direction, mais la technique permet tout de même de relocaliser certaines variétés en Europe.
Dans les prochaines semaines, Jungle doublera sa surface de production à Château-Thierry. D'ici deux ans, elle ouvrira même deux autres fermes verticales : l'une dans le Sud, et l'autre dans l'Ouest de la France.
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