: Vidéo "Toutes les histoires derrière les produits vendus ici sont des aberrations", explique le gérant d'une épicerie anti-gaspi
En France, le gaspillage alimentaire représente 10 millions de tonnes de produits par an, pour un coût estimé à 16 milliards d'euros, selon le ministère de la Transition écologique. Et ce malgré la loi Garot qui interdit depuis 2016 aux grandes surfaces de plus de 400 m2 de jeter de la nourriture et les oblige à vendre ou à donner leurs invendus à des associations. Réalisé par Lionel Baillon, le documentaire Gaspillage alimentaire, n'en jetez plus !, diffusé mardi 31 octobre sur France 5, passe en revue les responsables de ce gigantesque gâchis et révèle que ce dysfonctionnement concerne chaque maillon de la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur. Mais le film met également en avant les nombreuses initiatives de particuliers et de professionnels qui tentent de réduire cette gabegie.
C'est le cas de Vincent Justin qui a décidé de créer en 2018, avec son associé Charles Lottmann, la chaîne NOUS anti-gaspi, un réseau de magasins regroupant une trentaine d'épiceries dont les rayons sont achalandés avec des produits rachetés à la grande distribution. Des denrées que ces grandes enseignes se refusent à commercialiser, car ils les considèrent comme impropres à la vente, selon des critères parfois aberrants, comme une étiquette de champagne collée trop bas ou un camembert trop petit.
"Ce qui est incroyable, c'est que l'on puisse produire autant de choses qui soient au final destinées à la poubelle. C'est absolument révoltant."
Vincent Justin, co-fondateur de NOUS anti-gaspidans le documentaire "Gaspillage alimentaire, n'en jetez plus !"
"Globalement, tous les produits qui sont ici, si on regarde les histoires qu'il y a derrière, c'est une aberration" s'indigne le gérant, dont les enseignes vendent 30 à 50% moins chers ces produits écartés des circuits traditionnels. "Très souvent quand les gens pensent anti-gaspi, ils imaginent un produit qui est un peu altéré, qui est un peu moche, qui a une date dépassée, explique Vincent Justin . C'est avec cette pédagogie que l'on arrive à convaincre les gens."
"On laisse ces produits suivre leur chemin"
Vincent Justin ne se contente pas de récupérer les produits d'autres magasins, il a aussi réussi à créer sa propre marque en se fournissant directement chez les producteurs, où le gaspillage est souvent colossal. Comme dans cette entreprise qui produit et conditionne pour la grande distribution près de 16 millions de saucissons par an. Le directeur de production de cette usine, Julien Brionnet, s'enorgueillit de pouvoir remettre aujourd'hui dans le commerce certains de ses saucissons qui étaient autrefois jetés du fait de leurs formes atypiques.
"On est plutôt sur une patate que sur un saucisson traditionnel, sourit Julien Brionnet dans le documentaire, mais aujourd'hui, on ne les retire plus. On les laisse suivre leur chemin jusqu'aux rayons de NOUS anti-gaspi." Alors que l'entreprise jetait environ 3,5% de sa production non conforme, grâce à ces commerçants d'un nouveau genre, elle ne se débarrasse plus que de 2,8% de produits malformés. "Les distributeurs essayent de tout calibrer en pensant que les consommateurs veulent toujours le même produit. Ma conviction, c'est que si on explique pourquoi ce produit on l'a sauvé, il y a une bonne partie des consommateurs qui sont prêts à faire l'effort", conclut Vincent Justin.
Le documentaire Gaspillage alimentaire, n'en jetez plus, réalisé par Lionel Baillon, est diffusé mardi 31 octobre à 21h05 sur France 5 et sur france.tv.
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