"C'est un témoignage précieux" : comment le podcast de Clémentine Vergnaud a permis de changer le regard de soignants sur leurs patients atteints du cancer

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La journaliste Clémentine Lecalot-Vergnaud, emportée par le cancer à 31 ans, ici le 26 juin 2023. (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)
Le podcast "Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine" a été écouté plus de deux millions de fois. Il a beaucoup ému, notamment dans le monde de la santé.

Le professeur Cindy Neuzillet n'a jamais rencontré Clémentine Vergnaud. Elle ne l'a jamais soignée à l'institut Curie à Paris où elle est spécialisée en cancérologie digestive mais dès que le podcast est sorti, elle l'a écoutée deux fois de suite : "J'ai vécu ce podcast comme un voyage à travers la maladie, à travers son regard."

Clémentine Vergnaud racontait en effet dans ce podcast ses traitements, sa vie à l'hôpital, mais aussi longuement sa relation avec ses médecins comme ce moment à la fin, lorsque son oncologue lui parle d'arrêter les traitements : "Ça m'a énormément soulagée de l'entendre aussi de sa bouche, racontait Clémentine. Parce qu'il y a un moment où vous culpabilisez, où vous vous dites c'est moi qui suis en train de lâcher, c'est moi qui n'ai plus cette force. Et d'entendre que même dans la voix des médecins, ce serait une erreur de s'accrocher à ce point-là. Ça m'a fait énormément de bien."

Ce passage a beaucoup marqué le professeur Cindy Neuzillet : "On se dit en tant que soignants, quand on fait preuve d'empathie, qu'on écoute, qu'on essaye de se mettre à la place. Et c'est vrai qu'on écoute ce que nous disent les patients. Mais les patients ne nous disent pas tout avec autant de détails que ce qu'elle décrivait, y compris bien des choses qu'elle ne disait pas forcément à son oncologue. En tant qu'enseignante pour nos étudiants en médecine, pour nos collègues internes, c'était un témoignage précieux pour pouvoir aider à trouver les bons mots." Le professeur Cindy Neuzillet conseille désormais à tous ses étudiants en médecine d'écouter le podcast de Clémentine Vergnaud.

Une promotion nommée Clémentine Vergnaud

Clémentine a marqué plus généralement le monde de l'hôpital. Les élèves de l'École des hautes études en santé publique de Rennes, les futurs directeurs d'hôpitaux, ont décidé de nommer leur promotion Clémentine Vergnaud. Donner le nom d'une patiente, c'est rare, l'idée vient de Lucas Lachambre. "Pour nous, c'était un message très fort parce que c'est se positionner en fait dans un changement de culture, explique-t-il. Parce qu'en fait l'hôpital est soumis à de nombreuses contraintes des contraintes financières, des contraintes en ressources humaines, des enjeux de perte de sens aussi."

"Prendre le nom d'une patiente, c'est une manière d'insister sur le fait que nous, on voulait que notre exercice professionnel, même si on n'est pas soignants, soit tourné entièrement vers l'intérêt et la dignité du patient."

Lucas Lachambre, élève à l'École des hautes études en santé publique

à franceinfo

Le patient qui devra rester la "boussole de notre métier dans les prochaines décennies", conclut ce futur directeur d'hôpital.


Ce vendredi 4 octobre, l'un de nos studios à la radio sera rebaptisé "Studio Clémentine Lecalot-Vergnaud", du nom de notre collègue décédée en 2023 à l'âge de 31 ans d'un cancer des voies biliaires. Un livre-témoignage parait également ce vendredi. Il est issu du podcast qu'elle avait enregistré pendant son combat contre la maladie Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine. Les droits d'auteur seront reversés à la recherche contre le cancer dont elle est décédée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.