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Cancer du sein : un nouveau traitement "majeur" pourrait être prescrit à la moitié des femmes atteintes

Selon une étude présentée à Chicago ce dimanche, cette thérapie ciblée anti-HER2 pourrait être efficace pour soigner beaucoup plus de malades qu'aujourd'hui, soit près de 30 000 femmes en France chaque année.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une mammographie dans un hôpital de Nice (photo d'illustration). (FRANÇOIS BAILLE / MAXPPP)

C'est une avancée notable dans la recherche sur le cancer du sein qui a été présentée, dimanche 5 juin, au Congrès du cancer de Chicago (États-Unis) et publiée dans la foulée dans la revue médicale de référence New England Journal of Medicine. Une étude internationale (en anglais) a montré qu’un traitement fonctionnant jusqu’alors chez un nombre limité de malades est finalement efficace chez un plus grand nombre. Il pourrait à terme être prescrit à la moitié des femmes atteintes d’un cancer du sein.

Depuis un an, un traitement existe pour les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique dont la tumeur présente une protéine en très forte quantité, la protéine HER2. Ces patientes sont seulement 2 000 à 3 000 en France. Tout l’enjeu, c’était alors de savoir si ce traitement anti HER2, une thérapie ciblée de nouvelle génération, fonctionnait aussi sur des malades qui ont également cette protéine, mais en quantité moindre. Et la réponse est oui, explique le professeur William Jacot, de l'Institut du Cancer de Montpellier (ICM), qui a participé à cette étude internationale : "Les résultats sont significatifs. Ces patientes vivaient six mois de plus en moyenne. Ça peut paraître peu, mais ça a vraiment fait un bond en avant qu'on n'avait pas vu depuis plus de quinze ans dans ce sous-type de maladies." Six mois en plus pour des femmes à qui on donnait jusqu’à présent cinq ans de vie en moyenne.

Ce sont ainsi 5 000 patientes supplémentaires atteintes de cancer du sein qui vont pouvoir bénéficier de ce traitement ciblé anti HER2 – et peut-être bientôt encore davantage, se réjouit le professeur William Jacot "C'est un énorme message d'espoir parce que quand on a ce genre de démonstration à des stades avancés de la maladie, l'étape suivante, ça va être d'essayer de le faire à des stades de plus en plus précoces. Et d'arriver sur des stades localisés à augmenter non plus la quantité de vie, mais les taux de guérison pour que plus de patientes puissent guérir à la fin. Et ça, c'est majeur, parce que ça représente globalement la moitié des femmes qui font un cancer du sein." Soit en tout 30 000 patientes chaque année en France. 

Vers des traitements personnalisés

Pour toutes ces patientes, la thérapie ciblée anti-HER2 permettra également de diminuer les chimiothérapies, toxiques et pas toujours bien supportées. Et ce n’est pas fini, cette découverte ouvre encore d’autres perspectives, s’enthousiasme le professeur Fabrice André, de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif : "Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en fait, dorénavant, on peut construire ces médicaments à façon. Aujourd'hui, on s'intéresse à la protéine HER2, demain on va s'intéresser à une autre protéine, ça peut être TROP2, après-demain HER3, etc. Ça veut dire qu'aujourd'hui, ces anticorps conjugués peuvent marcher indépendamment de l'origine du cancer."

En clair, le médicament ne sera plus prescrit selon l’organe qui est touché, le sein, le poumon ou le rein par exemple, mais selon le type précis de tumeur. On va donc vers une médecine de plus en plus personnalisée.

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