Quatre questions sur les interdictions de plusieurs modèles de prothèses mammaires par la France
Plusieurs modèles d'implants mammaires soupçonnés de favoriser une forme rare de cancer sont désormais interdits par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
La France va interdire plusieurs modèles d'implants mammaires soupçonnés de favoriser une forme rare de cancer, à cause du "danger rare mais grave" qu'ils peuvent faire courir aux femmes qui les portent. L'Agence nationale des produits de santé (ANSM) a pris cette décision "face à l'augmentation significative depuis 2011 des cas de lymphome anaplasique à grandes cellules associés au port d'implants mammaires", explique le gendarme sanitaire dans un courrier aux fabricants révélé par franceinfo, mercredi 3 avril. Nous décryptons ce document.
>>Cancers et prothèses mammaires : la France interdit les modèles les plus répandus
1Quelles sont les prothèses concernées ?
Les prothèses visées par la décision de l'ANSM ont une surface extérieure en silicone "macro-texturée", c'est-à-dire rugueuse, ou en polyuréthane. Leur retrait a été décidé "au vu du danger rare mais grave que leur implantation est susceptible de constituer", selon ce courrier, daté de mardi et signé de Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'ANSM. Parmi les prothèses interdites figurent plusieurs modèles du fabricant américain Allergan de type Biocell. Les autres modèles frappés par l'interdiction sont fabriqués par les marques Arion, Sebbin, Nagor, Eurosilicone et Polytech. Au total, le document fait référence à 91 références.
2C'est quoi ces prothèses "macro-texturées" ?
Les prothèses visées par la décision de l'ANSM ont une surface extérieure en silicone "macro-texturée", c'est-à-dire rugueuse, ou en polyuréthane. Cette texture est la principale mise en cause dans la survenue de cas de cancers.
Les implants mammaires en silicone sont classifiés en fonction de l'aspect de la pellicule qui les entoure, entre lisses et texturés (microtexturés ou macrotexturés, selon le degré de rugosité). A l'inverse de pays comme les Etats-Unis et le Canada, où les implants lisses sont nettement majoritaires, les prothèses texturées sont privilégiées en France car elles sont réputées rester mieux en place que les prothèses à surface lisse et provoquer moins de "coques" (durcissement des tissus autour de l'implant).
Enfin, les implants dont l'enveloppe extérieure est en polyuréthane sont marginaux sur le marché. La mousse dont ils sont recouverts est poreuse, ce qui permet aux tissus du sein de s'y accrocher.
3Pourquoi toutes les prothèses ne sont pas été retirées ?
En revanche, l'ANSM n'a pas non plus opté pour la solution la plus radicale, qui aurait consisté à interdire en bloc tous les implants mammaires texturés, qui représentent près de 85% du marché français. Selon Le Monde, aucune réglementation ne permet de différencier les implants lisses, macrotexturés, microtexturés et nanotexturés. C’est pourquoi l’ANSM recommande dans ce courrier "qu'il convient de maintenir, à titre conservatoire, une surveillance renforcée des autres implants mammaires à enveloppe texturée ainsi que des autres implants mammaires polyuréthane".
4Quels sont les cancers provoqués ?
Depuis 2011, sur les 500 000 femmes porteuses d'implants mammaires en France, on a recensé 56 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC). Il s'agit d'une forme rare mais agressive de cancer, qui se manifeste le plus souvent par un épanchement de liquide autour de la prothèse. La quasi totalité des cas concernaient des femmes ayant des prothèses à enveloppe texturée. Trois en sont décédées.
Conçus pour leur "effet velcro", qui permet à la prothèse de mieux adhérer aux tissus, ces implants macro-texturées pourraient créer une inflammation chronique qui déclencherait la maladie. Si les mécanismes biologiques de ce cancer sont encore inconnus, il est désormais établi que le port de ces implants dits macrotexturés en est la cause.
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