Réchauffement climatique : vers une hausse des cancers de la peau ?
Six ans de combat contre une maladie, à cause de quelques minutes d'insouciance... En 2009, Marguerite Bano découvre sur sa jambe droite une étrange boursouflure. Il s'agit d’un mélanome, un cancer de la peau peu fréquent, mais grave. Elle se souvient encore du coup de soleil, responsable selon elle de son mélanome.
"C'est quand j'étais enceinte de ma fille en 1974. J'ai vraiment eu un coup de soleil sur ma jambe droite. J'ai vraiment eu un oedème. Cela a gâché toutes mes vacances. Je ne pouvais même pas supporter l'air ou le reflet du soleil. Je pense que mon cancer est lié à ça."
Depuis sept mois, elle suit un nouveau traitement : l'immunothérapie. Elle reçoit une injection tous les 15 jours afin de favoriser le développement des cellules saines au détriment des cellules cancéreuses. Malgré huit interventions chirurgicales, des nodules cancéreux se sont logés dans les poumons. Il n'est plus possible d'opérer son cancer.
Principaux responsables : les rayons ultraviolets
Capables de traverser la peau, les rayons ultraviolets peuvent altérer l'ADN des cellules. Au fil des ans, les cellules anormales se multiplient et le mélanome apparaît. Cette maladie touche 11.000 nouvelles personnes chaque année. Un chiffre qui a triplé en 20 ans. Une augmentation logique pour le Pr Philippe Saiag, dermatologue à l’hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt :
"Il y a une explosion des cas de mélanomes aujourd'hui car les gens se sont exposés au soleil de façon inconsidérée il y a 30 ans, 40 ans… Et les cohortes des années 1960-1970 qui se sont exposées au soleil ou éventuellement qui ont eu des UV artificiels sont beaucoup plus amènes de faire un mélanome maintenant."
D'ici 2035, le nombre de mélanomes pourrait doubler
Et le pire est peut-être à venir. D’après les spécialistes, le nombre de cas de mélanomes pourrait encore doubler d'ici 2035. A l'Observatoire des sciences de l'Univers de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, une équipe a tenté de calculer la dose d'UV à laquelle les Européens seront exposés en 2100, si nous continuons à polluer autant.
D'après Sophie Godin-Beekman, directrice de l'Observatoire, "ce qui nous protège le plus des UV, c'est la couche d'ozone. Il va y avoir une intensification des mouvements atmosphériques, surtout dans la haute atmosphère. Cela va faire qu'il y aura moins d'ozone au niveau des tropiques et plus d'ozone à notre latitude. Et donc ça, cela va jouer sur la quantité d'UV reçue au sol. Il y aura plus d'UV au niveau des tropiques et moins d'UV dans nos latitudes, en Europe par exemple."
Résultat : les UV responsables des coups soleil pourraient diminuer de 5% d’ici à 2100. Une nouvelle qui pourtant est loin de rassurer le Pr Philippe Saiag :
"On peut craindre que s'il fait beau plus souvent avec un ciel clair, on ait plus envie d’être dehors et donc de s'exposer au soleil, soit sur les terrasses de café, soit pour aller faire du sport, soit pour aller nager… Et donc augmenter la quantité d'ultra-violets qu’on reçoit in fine, et donc augmenter le risque à terme d'avoir des cancers cutanés."
Reste à espérer qu'à l’été 2100, les Européens auront enfin compris qu'il faut fuir le soleil aux heures les plus chaudes, s'abriter sous un parasol et mettre de la crème solaire.
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