Contraception : le planning familial réclame une pilule sans ordonnance
Et si chaque femme pouvait acheter sa pilule contraceptive au comptoir, en pharmacie, sans ordonnance ? L'idée vient du planning familial et d'un collectif de pharmaciens. Ils viennent de lancer une pétition.
La pilule oestro-progestative, la plus connue, doit impérativement être prescrite par un médecin car elle peut avoir de graves effets secondaires, notamment des risques de thrombose ou des risques cardiovasculaires. Elle n'est pas non plus adaptée aux femmes qui ont eu un cancer hormonodépendant, comme un cancer du sein.
Pour toutes ces raisons, une consultation médicale est indispensable avant de la prescrire. Mais ces contre-indications ne concernent pas la pilule progestative. "Les microprogestatifs n'ont pas ces oestrogènes de synthèse qui constituent le facteur de risque cardiovasculaire ou cancéreux. On est donc beaucoup plus à même de pouvoir la prescrire plus largement puisque les contre-indications sont extrêmement rares", explique le Pr Michaël Grynberg, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Jean-Verdier (93).
Pour le planning familial et les signataires de l'appel, cette pilule faciliterait tout simplement l'accès à la contraception. "Dans certaines villes ou certains villages, les délais d'attente pour voir un gynécologue sont très longs. On peut attendre cinq ou six mois pour une première prescription ou un renouvellement de contraception. Il y a des freins d'accès en terme d'offre de soins. C'est pour cela que nous souhaitons rendre la pilule accessible en pharmacie. Ce serait un lieu supplémentaire où se procurer la pilule", précise Caroline Rebhi-Farin, co-présidente du Planning Familial.
Un questionnaire médical en pharmacie
Il existe cependant quelques contre-indications à la pilule progestative : une maladie du foie par exemple. Pour la détecter, les signataires de l'appel proposent de mettre en place un questionnaire médical en pharmacie. Cet entretien permettrait aussi d'informer les femmes d’éventuels effets secondaires. "Nous recevrons les femmes dans un espace de confidentialité, et si nous détectons une des contre-indications à la prise de contraception hormonale, nous les enverrons vers un médecin pour trouver un autre moyen de contraception", précise Caroline Hauchecorne, pharmacienne.
« Sans conseil médical, ces femmes sont perdues »
Mais pour le syndicat des gynécologues, ce questionnaire ne remplacera jamais la consultation médicale. "L’accompagnement du médecin ou de la sage-femme est nécessaire pour expliquer la possible survenue d'effets secondaires, comme des saignements par exemple. Toutes les semaines, nous avons des appels de nos patientes pour ce type de problème et même si ces saignements sont généralement bénins, sans conseil médical, ces femmes sont perdues", explique le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France.
Autre problème, un médicament en libre accès n'est pas remboursé par l'Assurance maladie. En supprimant l'ordonnance, la pilule progestative pourrait donc devenir payante pour les patientes.
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