Pilule du lendemain : faites valoir vos droits !
Son témoignage est devenu viral sur Internet. Sur les réseaux sociaux, Sabine*, 20 ans, raconte son histoire. Au matin d’une soirée trop arrosée elle se rend dans une pharmacie de quartier pour se procurer la pilule du lendemain. Le pharmacien lui demande alors si "elle a passée une bonne soirée" et lui explique qu'il "faudrait qu’elle arrête de se foutre à poil pour rien".
Suite au témoignage de Sabine, les langues se délient et les témoignages de jeunes femmes affluent sur le net. Outre les remarques machistes, certaines dénoncent le refus de leur pharmacien de leur délivrer la contraception d’urgence. Pourtant légalement, c’est une obligation.
Que dit la loi ?
En France, un pharmacien ne peut pas refuser de délivrer la pilule du lendemain, sauf en cas de motif médical avéré. Face à un refus de vente, vous pouvez porter plainte auprès de l'Ordre des pharmaciens qui pourra prendre des sanctions allant jusqu'à la radiation.
La pilule du lendemain doit être disponible sans ordonnance et gratuite pour les jeunes filles mineures. Ces dernières peuvent choisir de rester anonymes et n'ont donc pas besoin de présenter de pièce d'identité. La contraception d'urgence est également disponible dans les plannings familiaux et les infirmeries scolaires.
La question de la clause de conscience
En juillet 2016, le gouvernement s'est inquiété de l'éventuelle introduction d'une clause de conscience dans le code de déontologie des pharmaciens.
Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes s'est alors insurgée face à cette mesure qui "ouvrirait clairement la possibilité aux pharmaciens de refuser de délivrer la pilule du lendemain, le stérilet ou même le préservatif". Le débat est finalement clos puisque l'Ordre des pharmaciens a décidé de suspendre la consultation de la profession sur ce point.
Pilule du lendemain : comment ça marche ?
La pilule du lendemain agit en modifiant l’activité de la progestérone, une hormone sécrétée par les ovaires. Cette action a pour conséquence de bloquer la libération de l’ovule qui ne peut donc être fécondée. Pour une efficacité maximale, la contraception d’urgence doit être prise le plus rapidement possible après le rapport non protégé. Efficace à 95% dans les 24 heures, elle ne l'est plus qu'à 85% au bout de 72 heures. Passé ce délai, une autre pilule, dite du surlendemain, pourra être proposée. Cette dernière peut être prise dans les cinq jours suivant le rapport à risque.
La pilule du lendemain ne doit toutefois pas être utilisée comme une méthode contraceptive classique car son taux d’échec est bien plus important que celui de la pilule ou du préservatif.
En finir avec les fausses idées
"Dangereuse", "capable de rendre stérile", "responsable de fausses couches", la pilule du lendemain est accusée de tous les maux. Ces idées reçues, également véhiculées par certains professionnels de santé, sont parfois utilisées comme moyens de pression pour que les femmes renoncent à la contraception d’urgence. Face à cette réalité, l'OMS réaffirme dans un communiqué que la contraception d’urgence n’est "pas toxique, ne rend pas stérile et ne présente pas de risques pour une grossesse ultérieure".
*Nom d'emprunt
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