: Vidéo "C'est une fluctuation complètement normale" : un scientifique analyse le déplacement du pôle Nord magnétique
Pourquoi le pôle Nord magnétique se déplace-t-il à raison de 50 km par an vers la Russie ? Et puis d'abord, c'est quoi, le Nord magnétique ?
Est-ce que la planète est en train de perdre le Nord ? La question est posée depuis que l'on a appris, mardi 5 février, que le Nord magnétique dérivait lentement mais sûrement du Canada vers la Russie. Un mouvement qui s'est accéléré ces dernières décennies, mais qui suit une trajectoire "rectiligne", précise Alexandre Fournier, géophysicien et professeur à l'Institut de physique du globe à Paris. "Depuis 1900, il se dirige du Canada vers la Russie, déclare le scientifique contacté par franceinfo, il le fait à 50km/an, donc assez vite". Cela ne veut pas dire que le pôle Nord que l'on situe quelque part en Arctique bouge car "le Nord magnétique est différent du Nord géographique qui lui est fixe". "Le Nord magnétique, c'est l'endroit de la surface de la terre où les lignes du champ magnétique sont verticales", éclaire-t-il.
Pourquoi lui bouge et pas l'autre ? Alexandre Fournier, pour faciliter la compréhension, compare la terre à un oignon à trois couches : la lithosphère, le manteau puis le noyau. "Ce noyau est essentiellement constitué d'un alliage de fer et de nickel, c'est un excellent conducteur électrique. Le refroidissement continu de la Terre genère des courants de convection au sein de cet immense océan métal liquide. Cette circulation de matière génère des courants électriques qui entretiennent la dynamo terrestre", explique-t-il. Ce système dynamique a des propriétés qui varient au cours du temps, parmi elles, la position du pôle Nord magnétique.
Utile pour les boussoles
Ce nord magnétique a un rôle bien précis. Là encore, parole au scientifique : "Aujourd'hui, pour se répérer à la surface de la Terre, c'est facile, j'ai le GPS, mais si je veux décider d'une direction, j'ai besoin d'une boussole, donc du champ magnétique et du Nord magnétique". Tous les cinq ans, sous l'égide de l'association internationale de géomagnétisme et d'aéronomie (IAGA), un modèle du champ magnétique terrestre est calculé. "On retrouve ce modèle codé dans nos smartphones", assure-t-il.
Il est accompagné d'une prévision des variations du champ pour les cinq ans à venir. Le dernier modèle date de 2015, mais en 2019 "on se rend compte que la prévision est assez éloignée des mesures réalisées actuellement". Donc, une mise à jour du champ magnétique était nécessaire. "On en train de parler d'erreur relatives qui restent faibles, nuance le géophysicien, cela va avoir des conséquences sur le trafic aérien et la navigation car il faut être vraiment précis, mais c'est une fluctuation normale dans la vie du noyau et du champ magnétique". Une inversion des pôles n'est pas pour tout de suite.
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