Déserts médicaux : les maires ruraux alertent sur la "dégradation" de l'offre de soins, constatée par une étude
Le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017, soit une augmentation de 62%.
L'Association des maires ruraux de France (AMRF) alerte sur la "dégradation" des déserts médicaux, jeudi 4 février, après la publication d'une étude révélant un "accès aux soins de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français".
Réalisée pour l'AMRF par le géographe Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l'approche territoriale de la santé, le document souligne que la densité pour 1 000 habitants pour toutes les catégories de médecins "est systématiquement inférieure à la campagne par rapport aux territoires hyper-urbains". Le nombre de spécialistes est même deux fois moins important "dans les départements hyper-ruraux".
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Cette tendance s'est accentuée au cours des dernières années. L'étude souligne que le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017, soit une augmentation de 62%. La densité médicale a d'ailleurs baissé de plus d'un tiers dans 30% de l'ensemble des cantons pendant la même période. "Nous ne sommes qu'au début de la crise. Si rien n'est fait, on court vraiment à la catastrophe", a réagi Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).
Cette difficulté d'accès au soins est insoutenable. J'ai du mal à imaginer comment notre société va absorber cette profonde injustice.
Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF)à l'AFP
Par ailleurs, "plus de la moitié des médecins en milieu rural sont âgés de plus de 55 ans et un bon nombre a déjà largement dépassé les 70 ans", souligne Dominique Dhumeaux, qui rappelle que "les jeunes médecins sont beaucoup plus nombreux en ville".
A la fin de l'année dernière, l'AMRF avait publié deux autres études. La première révélait que l'espérance de vie à la campagne se dégrade depuis le début des années 2000 par rapport aux villes. La seconde observait que les habitants des régions rurales "consomment 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes". Le vice-président de l'AMRF souligne l'existence d'un "lien assez ténu entre la consommation de soins, l'espérance de vie et la présence de médecins sur un territoire".
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