Baisse de la consommation de vin : "On a trois millions d'hectolitres en trop sur toute la France", déplore le Comité national des interprofessions des vins
"On a trois millions d'hectolitres de vin en trop sur tout le territoire", alerte Bernard Farges. Le président du Comité national des interprofessions des vins, invité de franceinfo lundi 13 février à l'occasion du début de Wine Paris - Vinexpo Paris, salon dédié aux professionnels du secteur, liste plusieurs facteurs qui ont causé l'accumulation des stocks : l'arrêt des exportations vers la Chine avec la pandémie, la baisse de la consommation en France et les taxes américaines sur le vin français. L'État a débloqué 160 millions d'euros pour transformer ces réserves en utilisant la distillation. Mais Bernard Fages appelle à des changements structurels, notamment en réduisant la taille des parcelles.
franceinfo : Pourquoi les vignerons français n'arrivent pas à écouler leurs stocks ?
Bernard Fages : On a trois millions d'hectolitres de vin en trop sur tout le territoire français en ce moment, particulièrement des vins rouges. D'abord parce que le marché chinois s'est fermé avec la pandémie, les échanges commerciaux se sont arrêtés. Il y a aussi une forte baisse de la consommation de vin rouge en France : elle a baissé de 30 % en dix ans. Les taxes Trump sur les vins français ont aussi fermé pendant quinze mois le marché américain. Avec tous ces chocs, on se retrouve à cumuler les stocks.
Que faut-il faire pour remédier à cette situation ?
Structurellement, il faut aller plus fort vers l'exportation. Il faut reconquérir les parts de marchés de la Chine. Et nous devons aussi nous adresser davantage aux consommateurs qui ont perdu l'habitude de boire des vins rouges ou qui ne savent pas vraiment ce qu'est le vin rouge. Nous avons des produits qui peuvent plaire aux jeunes générations, à condition de leur présenter de manière différente, avec un packaging différent ou même avec des teneurs en alcool plus faibles.
L'arrachage de parcelles de vignes, est-ce une solution ?
C'est très difficile, mais c'est un mal nécessaire pour passer cette crise. Il faut absolument réduire la taille des vignobles pour trouver un nouveau souffle. C'est un moyen de réduire les charges et les stocks qui pèsent actuellement sur les entreprises. La distillation coûte cher et ne résout pas le problème structurel. Réduire les surfaces est indispensable. C'est toute une économie qu'il faut sauver et une filière à restructurer. Nous craignons une perte d'emploi de 100 à 150 000 emplois dans les dix ans qui viennent si on n'arrive pas à redresser la barre.
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