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Baisse de la consommation de vin : "Une bonne nouvelle", se félicite un addictologue

Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'Hôpital Paul Brousse à Villejuif, rappelle sur franceinfo mecredi que la France reste l'un des pays "qui consomme le plus d'alcool au niveau de l'espace de l'OCDE".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Amine Benyamina, le 7 octobre 2018, à Villejuif. (PHILIPPE LAVIEILLE / MAXPPP)

Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'Hôpital Paul Brousse à Villejuif, salue mercredi 4 janvier matin sur franceinfo "une bonne nouvelle" alors que la France consomme de moins en moins d'alcool : deux fois moins que dans les années 1960. Mais "la France reste quand même un des pays qui consomme le plus d'alcool au niveau de l'espace de l'OCDE", relativiste-t-il.

franceinfo : En tant qu'addictologue, êtes-vous satisfait de cette baisse ?

Pr Amine Benyamina : Oui, c'est plutôt une bonne nouvelle. Dit comme ça, ça peut être vu comme une provocation pour la filière mais ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu’en France, on boit moins en comparaison avec les années 1960. Nous étions à 30 litres d'alcool pur par personne et par an et nous sommes actuellement à 10,5. Mais je dois tout de suite corriger ce qui semble être une excellente nouvelle : la France reste quand même un des pays qui consomme le plus d'alcool au niveau de l'espace de l'OCDE. Deuxième élément important derrière ce chiffre, il faut aller un peu dans le détail. Le volume d'alcool consommé en France est consommé par des personnes qui sont la plupart du temps des consommatrices excessives ou malades : 58 % du volume d'alcool consommé en France est consommé par 10 % des Français entre 18 et 75 ans. Quand on fait une moyenne, on a beaucoup de gens qui ne consomment pas et des gros consommateurs, donc derrière ce chiffre, il y a beaucoup de gens qui souffrent et beaucoup de gens malades.

La consommation de vin rouge a notamment beaucoup diminué, comment l'expliquez-vous ?

C'est une modification des traditions. Dans les années 1940-1960, la consommation du vin était quotidienne. On consommait du vin le midi et le soir, il n'y avait pas de messages de prévention. Le vin était perçu comme n'étant pas un produit addictif et dans certaines régions de France, notamment dans les régions de culture viticole, il n'y avait pas de limitation d'âge. Il y avait même initiation à la consommation d'alcool pratiquement dès le berceau. Evidemment, avec l'évolution et la connaissance des maladies et de la science, on a, d'une manière ou d'une autre, limité la consommation, mieux informé les citoyens sur les risques liés à la consommation de l'alcool et du vin en particulier.

Est-ce que les plus jeunes sont sensibles aux campagnes de santé publiques de prévention contre l'alcool ?

Oui, lorsque les campagnes existent. Pour ce qui est de l'alcool, les campagnes sont assez discrètes quand vous comparez aux campagnes sur le tabac ou sur d'autres fléaux sociaux, il y en a en fait très peu. Il faut les renforcer, les adapter et il faut aller là où sont les jeunes, sur les réseaux sociaux et les lieux. Il y a un grand fossé à combler très vite en matière de prévention.

En janvier, nous sommes incités à faire le Dry January, le mois sans alcool, à qui s'adresse ce défi ?

A tout le monde. L'idée, c'est qu'après les excès du mois de décembre, notamment après la Saint-Sylvestre, on puisse avoir un mois de répit dans lequel, dans une ambiance ludique et très bon enfant, sans contrainte, on peut souffler et arrêter de boire sans jugement. Vous faites comme vous le sentez et vous avez plusieurs façons de faire. Nous, on a autour de nous, à travers les plateformes, à travers les réseaux, l'implication des gens qui le font deux ou trois jours, d'autres qui sont contents de le faire pour la quatrième année. On offre une capacité aux gens de dire ‘non’ sans être jugés durant le mois de janvier et c'est une manière aussi de donner des infos comme on le fait ce matin sur franceinfo.

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