En prison, un détenu sur quatre fume quotidiennement du cannabis

Selon une enquête de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, les substances psychoactives les plus consommées quotidiennement en prison sont le tabac, le cannabis et l'alcool.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La maison d'arrêt d'Arras (Pas-de-Calais), le 18 mars 2024. (MATTHIEU BOTTE / LA VOIX DU NORD / MAXPPP)

L'usage du cannabis est largement répandu en prison. Un détenu sur quatre affirme en fumer quotidiennement, révèle une étude (lien en PDF) de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée lundi 6 mai. Cette première enquête représentative à l'échelle de la France a été réalisée d'avril à juin 2023, sur un échantillon de 1 094 hommes détenus depuis plus de trois mois et âgés d'au moins 18 ans, représentatif de la population carcérale.

Les détenus ont répondu sur leur usage de sept substances psychoactives : le tabac, l'alcool, le cannabis, la cocaïne, le crack, la MDMA et l'héroïne. "Ce n'est pas vraiment une surprise, les études précédentes montraient déjà qu'il y avait de la consommation de tabac et de cannabis. La question était de savoir comment, combien", explique à l'AFP Stanislas Spilka, responsable de l'unité data de l'OFDT.

La prison n'est pas un "lieu d'initiation"

Par ordre décroissant, les substances psychoactives les plus consommées quotidiennement en prison sont le tabac, le cannabis et l'alcool, alors qu'il s'agit du tabac, de l'alcool et du cannabis dans la population générale. "La moitié des détenus (49%) déclare avoir déjà consommé du cannabis au cours de sa détention, quelle que soit la durée effective de celle-ci", détaille l'enquête. Concernant la fréquence d'usage, 39% des détenus consomment du cannabis au moins une fois par mois, 34% au moins une fois par semaine et 26% de manière quotidienne.

Les usages de cocaïne, de crack, de MDMA ou d'héroïne sont en revanche plus faibles : 14% des détenus affirment avoir consommé une de ces quatre substances au moins une fois au cours de leur détention. Une grande majorité de ces détenus déclaraient déjà des consommations importantes avant leur incarcération. "On se rend compte avec les résultats de cette étude que la prison n'est ni un lieu d'initiation, ni un lieu pour l'arrêt, avec des consommations plus élevées qu'en population générale. Cela plaide pour une densification des consultations en addictologie", préconise Guillaume Airagnes, directeur de l'OFDT.

L'alcool est la troisième drogue la plus consommée en milieu carcéral : 16% des détenus disent en avoir déjà consommé au moins une fois. "La taille des bouteilles d'alcool et son indivisibilité est un argument fréquemment mentionné par les détenus pour expliquer la circulation moins importante de ce produit par rapport au cannabis", pointent les auteurs, qui rappellent les moyens utilisés par les détenus pour introduire des biens interdits en prison. Ils évoquent les projections par des tiers au-dessus des murs de la prison à l'intérieur des cours de promenade, les livraisons par drones, la transmission grâce à un visiteur au parloir ou par le courrier, ou par un intervenant en prison, en général contre une rétribution financière.

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