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Avec la "puff", les industriels font des collégiens "la prochaine génération de fumeurs", alerte un médecin

Le docteur Loïc Josserand dénonce l'"hypocrisie totale" des buralistes et commerçants qui vendent ces cigarettes électroniques au goût fruité à des mineurs alors que la loi l'interdit.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des "puff", cigarettes électroniques jetables aux parfums fruités. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Avec la mini e-cigarette puff, les industriels créent chez des enfants de 11-12 ans "la prochaine génération de fumeurs, c'est un phénomène particulièrement inquiétant", alerte vendredi 21 octobre sur franceinfo le docteur Loïc Josserand, président de l'Alliance contre le tabac. La puff rencontre un succès grandissant chez les collégiens. Attirés par les couleurs "flashy" et des parfums variés, ils la consomment "comme un paquet de chewing-gum", affirme Loïc Josserand. 

franceinfo : Pourquoi voulez-vous lancer une alerte ?

Loïc Josserand : On est face à un phénomène qui est particulièrement inquiétant. "On l'a vu sur TikTok. C'est sympa, c'est récréatif. Je n'ai jamais fumé, je passe à la puff". C'est redoutable ! On a véritablement en face de nous aujourd'hui, de nouveaux industriels qui ne veulent qu'une chose, c'est arriver à mettre dans les mains des plus jeunes des puff. ll y a des industriels qui le disent : "Je veux habituer les jeunes aux gestes et à la nicotine". Tout est fait pour leur plaire. Ce sont des produits qui, esthétiquement, sont extrêmement attirants. On est vraiment sur un marché qui, sous prétexte de récréatif, a un côté complètement trompeur. On est en train aujourd'hui de faire naître la prochaine génération de fumeurs avec un produit qui va les rendre addicts extrêmement rapidement. On est sur des taux de nicotine à 1,9% maximum. Ce sont des enfants qui commencent à consommer ce produit à 11-12 ans. On achète ça comme un paquet de chewing-gum.

La vente est pourtant interdite aux mineurs...

La vente est complètement interdite aux mineurs. C’est écrit en tout petit sur l'emballage. Il y a malheureusement très peu de gens qui vérifient. Tout le monde tire bénéfice de cette histoire-là.

Les seuls qui vont payer les pots cassés sont les jeunes qui vont rentrer là-dedans et qui vont tomber dans l'addiction et qui, demain, vont se mettre à fumer autre chose.

Loïc Josserand

à franceinfo

En termes de santé, on aura un vrai problème. Il y a vraiment une hypocrisie totale d'une majorité de buralistes, d'une majorité de boutiques de vape et de quasiment toute la grande distribution qui vend ses produits.

Le phénomène prend de l'ampleur ?

C'est en train d'exploser. Il suffit de se promener dans la rue. On voit de plus en plus de gamins qui consomment ça, de plus en plus de très jeunes qui consomment ça. On est vraiment sur une épidémie pédiatrique comme on a eu sur le tabac. On crée les fumeurs de demain. On peut parler de génération sans tabac en 2030, mais si on a déjà une génération de tabac accro à ces nouveaux produits dès 12-13 ans, il ne faut pas imaginer qu'on sorte du tabac en 2030. Les industriels ont déjà gagné. C'est terminé.

Quel message voulez-vous passer aux parents ?

Il faut que les parents soient très au fait de ces produits parce qu'on peut facilement les confondre avec un stylo fluo dans une trousse. À l'odeur, on peut facilement les confondre avec un chewing-gum. Mais ce ne sont ni des chewing-gums, ni des stylos. Il faut que les parents soient informés de l'existence de ces produits, qu'ils n'aient pas peur d'en parler à leurs enfants en leur expliquant effectivement les risques qu'il y a derrière, sinon on passe complètement à côté et avec un naturel absolu.

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